Le projet pharaonique de la nouvelle route du littoral est une prouesse technique unique au monde. Cette voie en pleine mer sur pilotis qui devait relier, à l’origine en 2020, Saint-Denis à La Possession permettra d’évacuer le risque de chutes de pierres sur la route actuelle et de résister à la houle et aux cyclones.
C’est aussi un projet qui cristallise de nombreux problèmes, à la fois économique et écologique.
La Nouvelle Route du Littoral (NRL) de La Réunion :
Le prix de Nouvelle Route du littoral était initialement fixé à 1,6 milliard d’euros, soit 130 millions d’euros par kilomètre. La chambre régional des compte a annoncé un surcoût d’environ 300 millions d’euros, portant le chantier a près de 2 milliard d’euros.
La Nouvelle Route du Littoral doit permettre de fermer l’actuelle Route du Littoral qui longe la falaise et qui est jugé dangereuse en période de forte pluie en raison des éboulements ayant déjà causé la mort de 22 automobilistes depuis 1976. De même, cet axe majeur de l’île est r&régulièrement saturé avec plus de 60 000 véhicules par jour.
Le premier tronçon reliant Saint-Denis à la Grande Chaloupe devrait ouvrir fin 2021. Le reste de la route du littoral jusqu’à La Possession et la fin des travaux de la NRL ne seront pas annoncés avant 2024.
La nouvelle Route du Littoral est financé par l’État, l’Union Européenne et la Région Réunion . On le désigne déjà comme le chantier du siècle par ses dimensions et son coût.
L’ouvrage (initialement) NRL
Le projet à l’origine. Le viaduc en pleine mer qui reliera Saint-Denis à la Grande Chaloupe sera le plus important viaduc en mer de France. Cet axe routier deux fois trois voies qui intègrera dès le début la possibilité de réaliser à terme un TCSP guidé ou mode ferré (de type tramway) est une prouesse technique mondiale.
Le projet se compose de 2 digues (1 km et 5,7 km) et d’un viaduc de 5,3 km. La route d’une largeur de 29 m sur viaduc et de 35 m sur digues pourra accueillir les circulations des véhicules légers, des poids lourds et des bus ainsi que des modes doux. A terme, un transport en site propre est envisagé, avec possibilité de mode guidé rail.
Quelques chiffres
• Pour le viaduc : 250 000 m3 de béton et 38 000 tonnes d’acier
• Pour les digues : 2 600 000 m3 de remblais, 21 500 unités de blocs de carapace, 115 000 m3 de béton
Le viaduc reposera sur 48 piles en mer et deux culées en extrémités à la jonction avec la digue, qui est une structure en remblais à talus, surmontée d’un mur chasse mer. La digue est protégée par des couches d’enrochements recouvertes par une carapace de blocs béton. L’ouvrage est ainsi prévu pour résister à une houle de 10 mètres et des vents de plus de 150 km/h.
Deux échangeurs à Saint-Denis et à la Possession seront aménagés afin de permettre l’accès à cette nouvelle route du littoral, d’une longueur totale de 12,5 kilomètres.
Suite aux problèmes d’apprivoisement en roches massives auxquelles la route est confrontée, la région Réunion a décidé de construire un raccordement avec la route du littoral existante en attendant la construction de la partie digue. Une « demie route » du littoral donc d’une longueur de 8km devrait ainsi être ouverte en 2021.
Le planning
Les travaux préparatoires qui ont débuté en 2013 s’échelonneront, a priori, sur une durée totale de 7 ans. Suite aux différentes interruption (lire ci-après), le planning initial de la Nouvelle Route du Littoral est entièrement faussé à partir de 2019.
2014 : travaux préparatoires d’accès de chantier, aménagement d’un carrefour giratoire entrée Ouest de Saint-Denis, réalisation des campagnes de reconnaissances géologiques et géotechniques préalables, échangeur définitif de La Possession, viaduc de la Grande Chaloupe, construction des premiers tronçons de la digue, installations de chantier du grand viaduc maritime (centrales à béton, usine de préfabrication, installation de mise à l’eau,…)
2015 : début des travaux du grand viaduc maritime de 5 400 m, réalisation de l’échangeur de La Possession, construction des 4 premiers tronçons de la digue.
2016 : Construction des viaducs, création des digues et pose des accropodes, pose des piles, pose des voussoirs et des tabliers, échangeurs de La Possession et de la Grande Chaloupe.
2018 : Création des digues et viaducs et pose des accropodes, pose des piles, pose des voussoir
2019 : La problématique d’approvisionnement en roche massive entraine l’arrêt des travaux (voire ci après).
2020 : La Région Réunion annonce l’ouverture de la première tranche de la Nouvelle Route du Littoral s’étalant de la Grande Chaloupe à Saint-Denis d’ici fin 2021 (partie viaduc). En revanche, pour la partie « digue » reliant La Possession à la Grande Chaloupe il faudra encore patienter au moins jusqu’en… 2024.
Mars 2021. Le Conseil régional de La Réunion inaugure la livraisoon du viaduc en mer de la Nouvelle route du Littoral. Cette « demi-route », d’une lonugeur de 5 400 mètres construit en mer relie Saint-Denis à la Grande Chaloupe. Viaduc le plus long de France, celui-ci ne pourra être raccorder au réseau routier qu’à la fin de l’année 2021. Si cette échéance est respectée, les Réunionnais ne profiteraient ainsi que d’une « demi-route » du Littoral, le dernier tronçon (reliant la Grande Chaloupe à La Possession) étant, pour le moment suspendu pour des raisons à la fois budgétaire et d’approvisionnement en roches massives.
Un projet moteur pour l’économie de l’île
La nouvelle route du littoral reste la route la plus chère de France et le budget initial du projet est colossal : 1,66 milliard d’euros, soit 133 millions par kilomètre. D’autant qu’il ne faut évidement pas exclure une augmentation du coût final de l’opération, déjà élevée. Le financement de ce projet est assurée à hauteur de 669 millions par la Région, 532 millions par l’Etat, 248 millions par le fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée, et enfin 151 millions par l’Union Européenne.
Trois entreprises du BTP vont se partager la réalisation du chantier, Bouygues et Vinci auront l’essentiel du projet, et Eiffage devra de son côté construire un petit viaduc.
Le projet qui doit contribuer à la relance de l’activité sur l’île permettra de générer environ 4500 emplois direct et indirects. Le tout, notamment dans le domaine du BTP, du transport et de la logistique, 2700 emplois générés et 1800 emplois directs de chantier.
Un chantier qui divise et fait débat
« Une route moderne, gratuite et sécurisée », c’est le slogan de la Région en faveur des arguments de ce projet, mais certains sujets soulèvent néanmoins des questions importantes.
Pour les porteurs et défendeurs du projet, la nouvelle route du littoral permettra de sécuriser l’axe routier Saint-Denis – La Possession par rapport à la route actuelle, sujette aux chutes de pierres et à la fermeture régulière d’une ou toutes les voies de circulation, et ainsi fluidifier le trafic, mais aussi de contribuer à la relance de l’activité économique de l’île et de répondre au problème de l’emploi.
Les détracteurs du projet soulèvent quant à eux les problèmes liés au financement global du projet qui dépassera sans doute l’enveloppe initiale définie. Mais également l’environnement et l’écologie (préservation du littoral et de la faune et de la flore) ou encore l’approvisionnement en galets, et mettent même en cause la viabilité du projet pour améliorer le trafic routier ou le réel développement économique que permettra le projet.
Le problème d’approvisionnement en roche. De la carrière de bois-blanc à l’arrêt du chantier de la nouvelle route du littoral.
Pour construire cette route, la région et les entreprises de BTP s’étaient mises d’accord sur l’ouverture d’une carrière de roches à Saint-Leu. En avril 2019, coup de tonnerre : le tribunal administratif suspend l’ouverture au motif « d’absence d’ne réelle réflexion sur les moyens d’approvisionnement ».
L’édification de la digue de la Nouvelle Route du Littoral à La Réunion nécessite pas moins de 7 millions de tonnes de roche, dont 3 millions exclusivement en roches massives. C’est aujourd’hui cette ressource qui pose problème. La Région affirmant qu’elle existe sur l’île, le groupement Vinci-Bouygues arguant de leur côté la nécessité d’importer ces roches du Moyen-Orient. Ce qui pose évidemment la question du sur-coût estimé entre 150 et 300 millions pat le groupement de maître d’œuvre, soit un doublement du marché initialement signé par la Région.
Entre chantage, pression et instrumentalisation, la guerre fait rage entre le conseil régional de La Réunion et notamment les transporteurs du groupement qui nécessitent pas à mettre en place des opérations coup de poings comme le blocage de l’Hôtel de Région ou des opérations escargot.
A ce jour, fin 2020, le chantier est réalisé à 80 % selon la Région Réunion. Débuté en 2014, il aurait du être livré en 2020.
Pour sortir de cette impasse, les Réunionnais pourront emprunter fin 2021 une « demie » route du littoral, soit 8 kms d’étalant de Saint-Denis jusqu’à la Grande Chaloupe. La Région Réunion a en effet décidé de construire un raccordement avec la route existante en attendant la construction de la partie digue..
Une potentielle route complète devrait voir le jour en 2024 jusqu’à La Possession.
La route du littoral en quelques chiffres clés
• 1963 : mise en service de la route du littoral (2 voies)
• 1976 : mise en service de la 4 voies
• Aujourd’hui plus de 66 000 passages par jour
• 10 000 tonnes de roches tombent chaque année, dont 180 échouent sur la route
• 22 morts depuis 1976
• 1,3 millions d’euros : le coût de la maintenance par an