Les Lazarets à La Possession avec les éclaireurs de l’Ouest

Chaque mois, nous vous donnons rendez-vous pour un « Zistoir du mois » sous l’éclairage des guides de l’Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion. 

Aujourd’hui, Clovis nous emmène parcourir l’un des monuments incontournables du patrimoine historique de La Réunion, les Lazarets de la Grande Chaloupe. À l’occasion du Zarlor “balade en ville guidée La Possession”, le guide-éclaireur de l’Ouest de La Réunion nous partage l’histoire de ces lieux intimement liés au métissage réunionnais.

les lazarets à la possession
Crédits : Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion

Les Lazarets de La Possession et les prémices du métissage de la population réunionnaise.

lazarets de la grande chaloupe
Crédits : Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion

En 1848, l’abolition de l’esclavage à La Réunion entraîne une chute de la main d’œuvre pour les grandes exploitations sucrières de l’île. Pour répondre à ce besoin, une convention est alors signée entre l’Inde (alors sous protectorat Anglais) et la France afin de faire venir des travailleurs à qui l’on promet un salaire, un logement, un travail… C’est ce qu’on appelle la période de l’engagisme à La Réunion. 

Ces Indiens, majoritairement originaires du Tamil Nadu, sont à l’époque débarqués à la Grande Chaloupe, entre La Possession et Saint-Denis. Étant donné le nombre important d’engagés arrivant sur l’île, un SAS sanitaire est mis en place au sein de longères établies à l’ombre des remparts de la ravine de la Grande ChaloupeLa Grande Chaloupe, à l’époque, est le meilleur choix pour débarquer ces engagés. Avec sa forme de cuvette et sa petite vallée, le lieu est à l’époque naturellement préservé du reste de l’île. Un cadre “idéal” pour accueillir tout ce monde… et procéder à un isolement sanitaire.” nous explique Clovis.

118 000 engagés à La Réunion

En effet, c’est ici qu’entre 1860 et 1882, plus de 118 000 âmes sont débarquées. « À La Réunion, à cette époque, en moins de 25 ans, on a doublé la population de l’île par l’arrivée massive de ces engagés. Du jamais vu !” précise le guide éclaireur de l’Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion.

Si, à l’époque, les Indiens sont majoritaires, il ne faut pas non plus oublier l’engagisme africain avec des travailleurs en provenance du Mozambique, de Madagascar ou encore des Comores. 

Diversité de culture, d’origine, de cuisine, de religion… au sein des Lazarets de La Possession, plusieurs mondes se rencontrent. De cette diversité, on peut y voir, sans se tromper, les prémices du processus de métissage qui a donné naissance à la culture réunionnaise. 

Le rôle des Lazarets de la Grande Chaloupe à La Possession dans l’histoire de La Réunion.

les lazarets de La Possession et l'engagisme à La Réunion
Crédits : Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion

Le guide de l’Office de Tourisme nous explique le contexte. “À l’époque, plusieurs maladies pestilentielles ravagent le monde : variole, fièvre jaune, peste ou encore choléra… Afin d’éviter une contagion sur l’île de La Réunion, les Lazarets sont construits pour accueillir ces hommes et ces femmes à leur débarquement en créant un SAS sanitaire et éviter une épidémie sur l’île.”.  Pendant 20 ans, des milliers d’hommes et de femmes sont ainsi examinés et mis en quarantaine (pendant 10 jours en cas d’absence de contagion) avant d’être répartis chez les différents propriétaires de canne à sucre à La Réunion.

Le fonctionnement des Lazarets à La Réunion

Le premier Lazaret est construit en 1860 pour remplacer le lazaret de la Ravine-à-Jacques, devenu trop petit. Bâti sur 2 étages, avec un escalier construit à l’extérieur, il arrive que l’on brûle l’ensemble du bâtiment pour faire face à une contagion incontrôlable. Au cours des années suivantes, plusieurs bâtiments sont construits. Des dortoirs, une infirmerie servant de pavillon d’isolement… Le Lazaret no 2, situé plus d’un kilomètre en amont, est construit un peu plus tard et comporte, lui, trois bâtiments (un bâtiment administratif et deux dortoirs). Une partie du Lazaret 2 a été emportée lors de fortes pluies et le reste est encore à l’état de ruines (et donc non-ouvertes à la visite).

guide zarlor guidée ouest réunion
Crédits : Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion

 S’il est impossible de définir exactement combien de personnes sont passées par ce centre de rétention sanitaire (ni combien en sont décédés), tout porte à croire que les conditions de vie et la considération n’étaient pas sans rappeler l’esclavage. C’est Clovis qui nous en parle “ Les termes utilisés n’ont pas beaucoup évoluer depuis l’esclavage. Par exemple, lorsque le petit-fils de Madame Desbassayns (grande propriétaire foncière des hauts de l’Ouest) vient chercher ses engagés à la fin de la quarantaine, on parle alors de “chercher son lot”. Tout est dit. ”. Force est de constater, cependant, que l’installation, entre prison et hôpital, “fonctionne”. 

 

La crise du Choléra à La Réunion

Preuve en est cette anecdote que le guide éclaireur nous raconte. “Un jour, le capitaine du bateau le Mascareignes amène une population d’engagés venant d’Afrique. À bord, un homme est infesté par le choléra. Le capitaine, souhaitant rapidement procéder à l’échange, décide de maquiller la maladie provoquant ainsi la grosse crise du choléra à La Réunion. Bilan : 2700 morts. S’il était passé par les Lazarets, il est fort à parier que plusieurs centaines de vies auraient pu être épargnées !”. 

Les plantes médicinales : l’influence de la culture des engagés à l’île de La Réunion.

Marché-Saint-PierreContrairement aux esclaves, les engagés ont le droit de culte. Clovis nous raconte. “Durant cette première période, on raconte même qu’un groupe d’engagés indiens serait parti du Lazaret de la Grande Chaloupe à pied pour se rendre à Saint-Paul en 1871 pour y construire une pagode indienne, située rue Saint-Louis”. Aujourd’hui, le temple Siva Soupramanien est l’un des lieux de culte tamoules les plus populaires de l’Ouest de l’île de La Réunion.

Dans leurs bagages, en plus de nouvelles croyances, les engagés indiens arrivent aussi avec un nouveau savoir, qui s’avère particulièrement précieux pour l’île de La Réunion : la médecine douce et la connaissance des plantes médicinales. D’ailleurs, aux Lazarets de La Possession, des plantes médicinales sont plantées (comme l’Ayapana) pour combattre à l’époque le Paludisme. 

Aujourd’hui encore, l’art de la tisanerie et de la médecine douce est l’un des piliers de la culture quotidienne des Réunionnais… et c’est d’ailleurs l’objet d’une autre visite guidée des éclaireurs de l’Office de Tourisme de l’Ouest ! 

Clovis et Mathieu guides dans l'Ouest de La Réunion
Crédits : Office de Tourisme de l'Ouest

Ce contenu est rédigé en collaboration avec l’Office de Tourisme de l’Ouest Réunion.

Clovis et Mathieu sont les Éclaireurs de l’Ouest.

Plus que des guides, ce binôme propose chaque semaine des balades et des randonnées uniques. Des plages de La Réunion jusqu’au Cirque de Mafate, ils mêlent humour, authenticité et expertise pour notre plus grand plaisir.

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Source : Office de Tourisme de l’Ouest Réunion – contenu sponsorisé