Le choka est une plante réunionnaise connue de tous ! Et pourtant ! Nous sommes bien peu nombreux à en connaître toute son histoire…
Chaque mois, nous vous donnons rendez-vous pour un « Zistoir du mois » sous l’éclairage d’un guide expert de l’Office de Tourisme de l’Ouest. Aujourd’hui, Mathieu (alias Ti Mat) à l’occasion d’un nouveau zarlor, nous plonge dans l’histoire de La Réunion en remontant le fil… du choka !
Le choka vert, une espèce envahissante à La Réunion
Que ce soit sur les sentiers de l’île, au bord des routes ou dans certains jardins, vous avez forcément déjà vu cette plante aux longues feuilles vertes ou bleues, appartenant à la famille des Agavacées.
Le furcraea foetida, qu’on appelle plus familièrement le Choka vert, originaire d’Amérique du sud, est aujourd’hui présent partout sur l’île de la Réunion. Ses feuilles pouvant mesurer jusqu’à 2 mètres de long en fait une plante particulièrement impressionnante par ses dimensions.
Classée parmi les espèces envahissantes de La Réunion(au même titre que le goyavier par exemple), elle est une menace pour les espèces endémiques de l’île. Particulièrement résistant à la sécheresse, le Choka prolifère partout sur l’île et notamment dans le cirque de Mafate où l’on peut en croiser d’importants spécimens comme sur le sentier de randonnée de la canalisation des Orangers.
Davantage utilisé pour son caractère ornemental, il existe d’autres espèces de choka sur l’île de La Réunion. Ainsi, l’Agave americana, aussi appelé Choka bleu et l’Agave angustifolia – Choka baïonnette, s’épanouissent également facilement sur la côte Ouest.
L’arrivée des Moulin Kader dans la première moitié du XIXème siècle
À l’origine, la fonction “naturelle” accordée au choka vert consistait à lutter contre l’érosion des ravines. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on en observe souvent à flanc de falaises dans les nombreuses ravines de l’Ouest de l’île de La Réunion. Mais rapidement, la plante dévoile un nouvel atout : ses fibres végétales. Ti Mat, guide à l’Office de tourisme de l’Ouest, nous explique. “Rapidement, on s’est rendu compte qu’en écrasant les feuilles de choka, on arrivait à fabriquer des cordages à partir de ces fibres végétales”.
C’est ici qu’interviennent les Moulins Kader qui, petit à petit, voient le jour un peu partout sur l’île et dont le processus consiste à écraser et gratter, par un mouvement circulaire, les fibres du choka.
“La fibre était ainsi séchée et enroulée, jusqu’à obtenir des cordes longues et solides. Ces cordages, très résistants sont alors utilisés dans plusieurs secteurs notamment maritimes. Vu la multiplication des Moulins Kader à cette époque, l’économie devait être florissante !”.
Mais pourquoi appeler cela des Moulins Kader ? Ti Mat nous glisse la raison… évidente ! “À l’époque, les tisseurs utilisaient un peigne à carder. C’était un outil qui permettait à la laine tissée d’être droite. En créole, on constate une prononciation différente de la lettre R. Ainsi, peigne à carder, c’est transformé en Kader.”. Tout simplement ! L’historienne Michèle Marimoutou Oberlé, dans son ouvrage intitulé “Moulins kader, sur les traces du CHoka le sisal de La Réunion”, retrace l’histoire de cette économie, du domaine de Commins à La Montagne dans le nord de l’île jusqu’au Moulin Kader de Saint-Gilles.
Le choka, une plante que l’on retrouve dans toutes les cases réunionnaises.
Le choka à La Réunion s’est également rapidement fait une place utile dans les maisons. Appelée “Gatir” en créole réunionnais, la corde issue du Choka sert par exemple à lier les brèdes que l’on vient cueillir dans les champs ou au jardin mais aussi pour relier les gousses de vanille par exemple. En quelques années, le choka s’est ainsi fait une place de choix chez les ménages réunionnais.
Cependant, face à l’arrivée massive de la canne à sucre, et de cette nouvelle économie florissante, la culture et la transformation du choka sont petit à petit abandonnées à La Réunion.
L’embargo économique et le retour des Moulins Kader à La Réunion
De 1940-1942, l’île de La Réunion subit de plein fouet l’embargo économique. Aucun bateau n’arrive et l’île se retrouve face à elle-même. Pour survivre économiquement, les Moulins Kader reprennent du service et l’on se met à planter de nombreuses variétés de choka comme le choka bleue et le choka baïonnette.
On trouve également de nouvelles utilisations quotidiennes pour cette plante chez les ménages réunionnais.
Ainsi, on va plier les feuilles de choka en deux pour en faire des boucans (ces petites cuisines non-mitoyennes du reste de la maison où l’on fumait les aliments) ou des far far dans les cuisines (petites étagères où l’on stockait). Ti Mat se souvient même : “On utilisait aussi le choka pour boucaner (enfumer) les guêpes pour pouvoir y récupérer les larves…Je suis sûr qu’encore aujourd’hui, certains Réunionnais utilisent le choka pour ça !”
Malheureusement, depuis classée en tant que plante invasive, il est aujourd’hui formellement interdit de la cultiver.
Balade guidée avec les Éclaireurs sur un sentier zabitan pour une plongée dans l’histoire à travers le choka.
Ainsi, la culture et l’économie qui s’est développée autour de la plante du choka est liée intimement à plusieurs familles de La Réunion. Dans l’Ouest, la famille Desbassyns à Villèle par exemple possédait un Moulin Kader dans les hauts de Saint-Gilles. Aujourd’hui, on peut visiter les vestiges de ce moulin justement avec les Éclaireurs de l’Ouest.
Cette balade guidée, intitulée “Sentier Zabitan de la canne à sucre au choka” , vous mènera ainsi sur les traces de Mme Desbassyns et vous plongera dans l’histoire à la fois de la canne à sucre et de cette plante, le choka, qui n’a définitivement pas fini de révéler ses secrets ! Attention : 2 dates uniquement sont prévues en 2021 pour cette randonnée guidée dans les hauts de Saint-Gilles. Ne tardez pas à vous inscrire !
Clovis et Mathieu sont les Éclaireurs de l’Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion.
Plus que des guides, ce binôme propose chaque semaine des balades et des randonnées uniques, des plages de La Réunion jusqu’au Cirque de Mafate mêlant humour, authenticité et expertise.
Réservations et infos pratiques :
LE ZARLOR SENTIER ZABITAN DE LA CANNE AU CHOKA
- Informations :
- 5h de balade guidée avec un riz sofé + déjeuner dans une table d’hôte de l’Ouest de l’île.
- Deux dates uniquement : 24 avril et 3 juillet 2021
- Réservation :
- Site internet de l’Office de Tourisme de l’Ouest
- Par téléphone au 02 62 42 31 31 par mail à accueil@ouest-lareunion.com
- Dans l’un des 3 bureaux d’information à St Gilles, St Leu ou le Port.
Source : Office de Tourisme de l’Ouest Réunion – contenu sponsorisé
Pour aller plus loin :
- La Flore de La Réunion
- La commune de Saint-Paul
- Les randonnées à La Réunion