Chaque mois, nous vous donnons rendez-vous pour un « Zistoir du mois » sous l’éclairage d’un guide-expert de l’Office de Tourisme de l’Ouest de La Réunion. 

À l’occasion du lancement d’un nouveau ZARLOR – visite guidée proposée par les équipes en partenariat avec la Réserve Naturelle Nationale, Mathieu nous embarque pour une découverte unique de la flore endémique de l’Étang Saint-Paul.  

Bienvenue à bord !

L’origine de L’Étang Saint-Paul. plongée dans les archives de l’île.

Comment une aussi grande étendue d’eau a bien pu se former dans l’Ouest de La Réunion ? Il faut un peu d’imagination (et des archives!) pour en comprendre la raison.

Mathieu nous explique. “C’est l’action de la Rivière des Galets et de l’océan qui a créé cet étang. En effet, jusqu’au 16 ou 17e siècle, il y avait encore un bras de la Rivière des Galets qui se jetait sur l’étang. Ce bras s’est refermé à la suite d’un cyclone.”. Depuis, un contexte hydraulique favorable a créé un environnement propice au développement d’une biodiversité exceptionnelle spécifique en milieu humide.

Aujourd’hui, plusieurs sources alimentent l’Étang de Saint-Paul. La plus emblématique, la source Bouillon, a même vu passé les premiers engagés indiens ! On note aussi les sources du Moulin, Champcourts, Roche Blanche… 

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les premiers habitants de La Réunion se sont installés au Tour des Roches, juste à côté ! Aujourd’hui, l’Étang Saint Paul est la zone humide la plus vaste et la mieux préservée de l’archipel des Mascareignes. La Réunion lé en ler !

Une réserve naturelle nationale exceptionnelle à La Réunion

Connu de (presque) tous les Réunionnais, l’Étang Saint-Paul l’est surtout pour sa zone située en aval. Le cadre bucolique, entre cocoteraie et point d’eau, est idéal pour une promenade, un footing voir pour la pratique d’activités nautiques comme le ski nautique. 

Mais réduire l’étang à cette zone est une erreur ! D’une surface totale de 447 hectares, le site classé est bien plus grand que ce qu’on peut imaginer. Il se décompose en 2 zones.

• La zone A, zone centrale, est une zone de protection intégrale de 249 hectares. L’accès est interdit au grand public (sauf, accompagné d’un guide de l’Office de Tourisme de l’Ouest, ça tombe plutôt bien !), tout comme la pratique sportive, de chasse ou de pêche… Les lieux sont un vrai sanctuaire de nature pour la faune et la flore.
• La Zone B, zone connue du public, comprend le tour des Roches, le Moulin à Eau jusqu’au Front de Mer de Saint-Paul. C’est une zone de protection modérée. Certaines activités sportives et pêches sont autorisées, mais réglementées. 

Au sein de cette Réserve Naturelle de l’Étang Saint-Paul, la biodiversité y est précieuse. Et c’est la pression exercée par plusieurs facteurs qui pousse ainsi la Maison de La Réserve, régie passée sous la gestion du TCO à protéger, préserver, sensibiliser ces espaces. 

Des menaces diverses pour ce joyau de l’ouest de La Réunion

La première menace, aujourd’hui, est l’assèchement. Mathieu nous explique : “Le danger, c’est tout simplement qu’il n’existe plus d’eau. D’ailleurs, aujourd’hui, sur une grande partie de l’Étang, y compris en zone de protection intégrale, il n’y a quasiment plus d’eau. Avant, les 440 hectares n’étaient constitués que d’eau.”. 

Mais ce n’est pas tout ! L’Étang doit également faire face à une seconde menace : l’homme. La pression anthropique est importante. “Au fil des années, des habitants se sont installés dans les hauts de la commune de Saint-Paul. Des activités agricoles se sont développées. Ils ont défriché, l’eau ruisselle et l’Étang s’est rempli d’une eau aujourd’hui polluée. C’est une menace pour les plantes qui évoluent normalement dans des eaux libres. Tout comme l’apparition des plantes invasives. Toutes ces raisons font que ces espaces sont en danger d’extinction.”.

Une classification en Réserve Naturelle et site RAMSAR

Mais la prise en compte du caractère sensible et précieux du site par les autorités permet aujourd’hui d’agir.  “La classification en Réserve Naturelle (2008) et labellisation en site RAMSAR (2018) (reconnaissance internationale des zones humides dans le monde) dote les équipes d’avantage de moyens et de compétences pour protéger et conserver cet espace. C’est une excellente initiative. Surtout si nous pouvons les accompagner dans un travail de sensibilisation avec ces sorties guidées.”.

La flore de l’Étang Saint-Paul  : un patrimoine naturel à préserver.

En effet, la zone de protection intégrale, interdite au public, abrite une quantité impressionnante d’espèces végétales. Certaines sont classées en danger d’extinction. Cette flore est à découvrir lors des visites guidées organisées par l’Office de Tourisme de l’Ouest. 

“La végétation de l’Étang Saint-Paul est distribuée de façon concentrique, selon la hauteur de l’eau” précise Mathieu. On distingue ainsi 3 types de flore : Hydrophytes, Hélophytes et Hygrophytes.

Les principales formations végétales de l’Étang Saint-Paul : 

• Les espèces hydrophytes sont les plantes aquatiques. C’est le cas de la Naïade de Madagascar qui est aujourd’hui sur la liste rouge des espèces en danger critique d’extinction.
• Les plantes hélophytes sont situées sur les berges, au bord de l’eau, et enracinées dans le substrat vaseux. C’est le cas de la Châtaigne d’eau par exemple. Une plante qui possède certaines propriétés que Mathieu vous racontera. Et oui, il ne faut pas dévoiler tous les secrets de dame nature ! Parmi les autres plantes hélophytes que l’on trouve à la Réserve Naturelle de l’Étang Saint-Paul, plusieurs sont en danger d’extinction comme le Roseau.
• Les hygrophytes sont localisées sur les bordures externes des berges de l’étang. 

“D’autres plantes plus emblématiques, que l’on retrouve aussi en bord de mer à La Réunion, sont aussi à découvrir. Le Porché, le Mova (hibiscus tiliaceus), le Toto margot (arbre)…Toutes sont en danger d’extinction, certains en danger critique même” précise le Guide-Éclaireur de l’Office de Tourisme de l’Ouest.

Jacinthe d’eau, Liseron d’eau, Laitue d’eau, Songe noir, Papyrus… Toutes ces espèces sont invasives et menaçantes pour le milieu humide de l’Étang. Des opérations sont régulièrement organisées afin de lutter contre l’invasion et protéger la flore endémique et menacée de la plus grande zone humide des Mascareignes. Les sorties guidées organisées par l’Office de Tourisme de l’Ouest permettent également d’effectuer un travail de sensibilisation.

Un joyau de nature à préserver, tous ensemble !