La Réunion est une alchimie unique marquée par des héritages multiples, qui forme une société cosmopolite ouverte et tolérante. Les cultures issues des origines, des langues, des religions et des coutumes de ceux qui sont venus sur l’île forment ici un « mariage » unique en matière de culture et de traditions.
Religions
Les différentes origines de la population réunionnaise conduisent à la pratique de nombreux cultes. La principale religion pratiquée dans l’île est le christianisme, essentiellement catholique, mais l’hindouisme, l’islam et le bouddhisme sont également très présents. Toutes les religions sont acceptées et cohabitent harmonieusement au sein de la société. Les réunionnais sont dans leur ensemble assez pratiquants quel que soit les religions et les communautés. Diverses fêtes religieuses jalonnent ainsi l’année civile.
Le christianisme, essentiellement catholique, est la principale religion pratiquée à La Réunion, établie dès l’origine par les premiers colons français, Saint-Denis devient un évêché dès 1850. Elle est pratiquée aujourd’hui par les créoles qui forment la plus grande partie de la population réunionnaise, mais la double pratique religieuse n’est pas rare dans différentes communautés, notamment chinoise ou tamoule. Depuis 1976, c’est Monseigneur Gilbert Aubry qui est l’évêque de La Réunion
L’hindouisme est pratiqué par la communauté tamoule de La Réunion, les « Malbars« , originaires du Sud de l’Inde. L’hindouisme est connu pour ses temples très colorés, ses nombreuses divinités et pour ses cérémonies spectaculaires (marche sur le feu, sacrifices rituels d’animaux par décapitation offerts en offrande, processions en diverses périodes de l’année…).
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L’islam est aussi pratiqué dans l’île par plusieurs communautés. La plus grande partie des musulmans de La Réunion sont des sunnites, les « Zarabes« , et sont originaires de l’Ouest de l’Inde. Un autre groupe musulman, qu’on appelle les « Karanes« , est arrivé à La Réunion à partir de 1972 chassé de Madagascar par la situation politique. Ils sont en majorié chiites. Le groupe musulman le plus récent est celui constitué par la communauté comorienne, principalement originaires de l’île de Mayotte. Ils sont sunnites et les plus nombreux aujourd’hui. Les grandes fêtes religieuses musulmanes sont célébrées par les communautés (Ramadan, Aïd el-Fitr, Aïd el-Kebir…).
Le bouddhisme est souvent pratiqué par des asiatiques d’immigration relativement récente, car de nombreux Chinois sont devenus catholiques, et la croyance en cette religion est devenue davantage une tradition pour eux. Plusieurs fêtes religieuses sont néanmoins célébrées par la communauté chinoise réunionnaise durant l’année (Nouvel An Chinois, fête des Lanternes, Fête de Guan Di…).
En Savoir + : Fêtes religieuses chinoises
Petit glossaire des communautés à La Réunion
Malgaches, européens, indiens, chinois… L’histoire de La Réunion lui a permis de former une population métissée et cosmopolite, constituée de plusieurs communautés qui cultivent le « savoir vivre ensemble ». Les Malgaches ne sont pas une communauté à proprement parlé à La Réunion, tellement ils sont métissés avec les créoles et la population réunionnaise, mais ils sont à l’origine du peuplement de La Réunion, particulièrement les femmes, puis des premières grandes vagues d’immigration sur l’île. Les malgaches ont ainsi joué à un rôle essentiel dans le métissage de la population réunionnaise.
Créoles : les Créoles forment la plus grande partie de la population réunionnaise (40 à 50%). Ils sont initialement originaires de Madagascar et d’Afrique (Mozambique, Guinée…), et sont souvent métissés avec les blancs. Les Cafres désignent plus particulièrement les noirs, mais ce terme se confond avec celui de créole. Ils sont pour l’essentiel catholiques.
Malbars : Ils sont originaires du Sud de l’Inde, et sont issus des grandes vagues d’immigration nécessaires aux plantations après l’abolition de l’esclavage. Les Malbars pratiquent l’hindouisme tamoule. Ils représentent environ 20 à 25% de la population.
Yabs : On les appelle aussi les « petits blancs des hauts » Descendants des blancs partis s’exiler dans les hauts, ils désignent aujourd’hui les créoles blancs des hauts. Ils représentent environ 10 à 15% de la population.
Zoreils : Ils désignent les métropolitains et représentent 10 à 15% de la population. Par dérivation, on appelle Zoréole les métropolitains installés depuis longtemps à La Réunion, et à l’inverse les Kréopolitains désignent les créoles installés depuis longtemps en métropole.
Zarabes : Les Zarabes désignent à La Réunion les immigrés de l’Ouest de l’Inde arrivés aux XIXè siècle. Ils sont musulmans sunnites et représente 5% environ de la population. Les Karanes désigne les indiens ayant initialement émigré à Madagascar puis à La Réunion.
Chinois : Ils sont arrivés au XIXè siècle et sont essentiellement originaires de la région de Canton. Les Chinois sont en général catholiques mais ils célèbrent aussi avec ferveur les fêtes religieuses traditionnelles chinoises. Ils sont environ 3% de la population.
Comoriens : Dernière vague d’immigration sur l’île depuis ces 30 dernières années, les Comoriens son essentiellement issus de Mayotte, ils représentent aujourd’hui entre 4 et 6% de l a population.
Langues
La langue officielle à La Réunion est le français, mais la première langue parlée par la population est le créole. Utilisé dès le début de la colonisation de l’île par nécessité de devoir communiquer entre des habitants venus d’horizons variés, le créole a évolué au fil de l’histoire en s’enrichissant de ces apports, et son usage est très répandu dans la société, sans pour autant s’opposer à l’usage du français. La situation ou l’interlocuteur favorisera l’utilisation de l’un ou de l’autre.
Parlé imagé dont la base lexicale est française, le créole s’est enrichit des apports notamment tamouls ou malgache. Le créole reste avant tout une langue parlée, mais il est aujourd’hui enseigné du collège à l’université, et de nombreuses publications existent en créole, de la poésie (fonkèr) à la bande dessinée.
Créole | Français |
Koman i lé ? kwé la fé ? | Comment ça va ? |
Lé la | Ca va |
Akoz | Pourquoi |
Astèr | Maintenant |
Bana | Tout le monde |
Sa mèm | C’est ça |
Ben | Oui |
Lé bon | D’accord |
Oté | Ca alors ! (ou pour interpeler quelqu’un) |
Boug | Homme, gars |
Dalon | Ami, camarade, copain |
Domoune | Quelqu’un |
Mi koné pa | Je ne sais pas |
Met en lér | Mettre à l’honneur quelque chose |
Met ansam | Tous ensemble |
Kabar | Fête musicale |
Kaz | Maison |
Moukaté | Se moquer |
Ladi lafé | Commérages |
Gramoun | Personne âgée |
Marmaille | Enfant |
Tantine | Une fille |
Alon bat karé | Allons nous promener |
Ti lamp ti lamp / Tipa tipa | Petit à petit |
Fenoir | La nuit |
Ralé poussé | Dispute, bagarre |
Nou artrouv | Au revoir, à bientôt |
Terroir et gastronomie
Certains produits de La Réunion sont parmi les meilleurs du monde, citons notamment le café bourbon pointu, le curcuma, la vanille bourbon ou le sucre de canne bien sur. Le sol, le climat et le savoir-faire réunionnais permettent à La Réunion de disposer de produits du terroir de grande qualité, issus directement de l’agriculture comme les fruits (vanille, canne à sucre, ananas, bananes, mangues, letchis…), ou d’un processus de transformation (rhums, miel, café, thé…). Les produits péi se trouvent facilement sur les marchés, dans les boutiks et sur le bord des routes. Certains ont des zones de prédilections, d’autres se trouvent partout sur l’île.
En Savoir + : Les marchés de La Réunion
Cartes des produits du terroir emblématiques de La Réunion
La cuisine réunionnaise est le résultat d’un mélange d’influences de la cuisine malgache, française, indienne, est-africaine et chinoise, et constitue une cuisine riche et épicée. La cuisine tient une place importante pour les réunionnais, de l’apéritif au dessert, en passant par le pique-nique qui est ici une véritable religion.
L’apéritif traditionnel est souvent composé de samoussas (beignet triangulaire contenant des farces variées), de bouchons (petite bouchée de viande de porc ou de poulet entourée de pâte cuite à la vapeur) ou encore de bonbons piments (petit beignet salé et épicé proche du falafel), et pourra être accompagné d’un punch ou d’un « rhum arrangé » (rhum macéré avec des fruits, des feuilles ou des épices).
La cuisine réunionnaise est trés colorée en raison des différentes épices et ingrédients utilisés comme le safran (curcuma), les tomates, ou les brèdes (ensemble très divers de feuilles comestibles consommées crues ou cuites). Souvent composés d’un seul service où l’ont met tout à table, et toujours accompagnés de riz et de « grains » (haricots rouges, blancs ou rosés, lentilles, pois du cap…), les plats les plus communs sont les carris (plat à base de viandes ou poissons, d’oignons et de tomates, auxquels on rajoute ensuite des condiments et aromates), le rougail qui un plat se rapprochant du carry comme le rougail saucisse, le rougail boucané ou le rougail morue, mais c’est aussi le nom du condiment frais et très épicé qui accompagne systématiquement les carris, les rougails ou encore les civets. Les plats asiatiques comme le chop suey ou le riz cantonais sont aussi très courants.
Les desserts trouvent leur bonheur dans les fruits (mangues, bananes, ananas, letchis, goyaviers…) et certaines spécialités locales comme le gâteau patate, les beignets bananes ou encore le bonbon miel. Les glaces et sorbets aux parfums locaux sont aussi très appréciés.
En savoir + : La cuisine réunionnaise
Musique et danse
Le Maloya et le Séga, musiques traditionnelles de l’île qui remontent à l’époque du marronnage, constituent l’âme musicale de La Réunion. Initialement, le Séga (anciennement « chéga » ou « tchega ») se dansait sur un rythme lent, aux sons des tams-tams et des tambours typiquement africains, dont cette musique serait originaire. On le danse en dandinant des hanches et en tournant sur soi même et autour de sa partenaire.
Le Maloya était avant tout un chant d’espoir pour les esclaves, pratiqué en secret au fond des exploitations sucrières, et adopté ensuite notamment par les malbars. Le Maloya est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2009, belle victoire quand on sait que cette musique était interdite jusqu’à la fin des années 1950, le Maloya étant porteur d’un message de révolte et d’émancipation. Le Maloya est très populaire et fait partie intégrante de la culture et des traditions réunionnaises, il est joué et écouté au quotidien dans les kabars ou au fond des cases créoles.
Le Séga et le Maloya se pratiquent avec des instruments traditionnels comme le roulèr ou le kayamb, mais évoluent et intègrent aujourd’hui d’autres influences et d’autres sonorités, les artistes ayant introduit notamment synthés, batteries et autres guitares.
En savoir + : Le Maloya
Art et littérature
Jusqu’au milieu du XXè siècle, la littérature réunionnaise se confond avec celle de métropole. C’est vers 1950 qu’une veine poétique plus ancrée dans l’île voit le jour et parle d’un art de vivre et d’une identité culturelle propre. La Réunion a vu naître de nombreux poètes et écrivains parmi lesquels Léon Dierx, Louis Ozoux, Auguste Lacaussade ou Leconte de Lisle, et elle en a inspiré d’autres comme Charles Baudelaire. Plus proche de nous, citons notamment Michel Houellebecq. De nombreux ouvrages sont aujourd’hui édités en créole réunionnais, des poésies à la littérature en passant par la bande dessiné.
Jace : Jace est le graffeur auteur du fameux Gouzou, petit personnage orange que l’on voit partout sur l’île, mais dont la notoriété a aujourd’hui largement dépassé les frontières de La Réunion, Jace ayant en effet exposé ses oeuvres aux quatre coins du monde, notamment à Paris et New-York.
La Réunion dispose de nombreux musées et espaces culturels qui permettent notamment de découvrir et de comprendre l’histoire et la culture réunionnaise, mais proposent aussi plus largement une programmation complète et variée : musique, danse, théâtre, peinture, sculpture, littérature, cinéma, arts anciens et contemporains, arts de la rue, arts visuels…
En savoir + : Les Musées et espaces culturels de La Réunion
Médias à La Réunion
Bien qu’il aient mis du temps à émerger significativement ou à s’extirper des monopoles d’état et autres emprises politiques, La Réunion dispose aujourd’hui d’une palette complète de médias locaux indépendants : télévisions, radios, journaux, sites internet, les réunionnais ne manquent d’informations locales, auxquelles viennent s’ajouter tous les médias nationaux et internationaux. Les médias locaux font les meilleures audiences, en télévision, radio et sur internet. Certains d’entre-eux sont aujourd’hui célèbres à La Réunion, à l’image de radio Freedom devenue une véritable institution pour les réunionnais.
En savoir + : Les Médias à La Réunion
Quelques coutumes et traditions réunionnaises
Grand-mère Kalle: Grand-mère Kalle (ou Kal) est une légende réunionnaise qui remonte au temps de l’esclavage. On raconte de nombreuses histoires sur ce personnage effrayant, mais tout le monde s’accorde pour faire de cette vieille femme au long chapeau une annonciatrice de malheurs et une pratiquante de la sorcellerie. Tous les enfants réunionnais connaissent Grand-mère Kal qu’on invoque toujours aujourd’hui s’ils ne sont pas sages.
Pêche bichique : les bichiques sont les petits alevins de poissons (cabot tête de lièvre, cabot bouche). qui pondent leur oeufs en amont des rivières et qui sont ensuite emportés par le courant vers l’océan. C’est là que, de octobre à mars, les pêcheurs tentent de les capturer dans l’embouchure des rivières avec des nasses coniques, appelées Vouves, qu’on disposent en formant un canal qui retient les bichiques (alevins). Les réunionnais en raffolent en carri et les bichiques se vendent très chers. Cette expression de « Canal bichique » est aussi utilisée à La Réunion pour décrire les rétrécissements de chaussée, notamment en cas de basculement de la route du littoral. Le bichique se vend entre 50 et 70 € le kilo.
Chasse guêpe : la chasse guêpes est une vieille coutume réunionnaise encore très pratiquée. De février à avril, les « rôdeurs guêpes » se mettent à la recherche des nids de guêpes, dont les larves se dégustent frites ou préparées en rougail, et constituent un produit rare, recherché et très apprécié des réunionnais. La tige peut être vendue entre 100 et 200 €.
Bataille Coq : sans doute importé d’Asie, les combats de coqs sont une vraie tradition réunionnaise. Dans un carré d’une dizaine de mètres appelé gallodrome, en créole rond d’coqs, les coqs combattent et le vainqueur est celui qui met la crête de son adversaire à terre. Souvent pratiqués en fin de semaine et le weekend, les combats de coqs sont appréciés des réunionnais, et font l’objet de paris, parfois sur des sommes importantes.
La pousse : la pousse est le nom donné ici à des courses de voitures sauvages réalisées sur la voie publique par des amateurs automobiles, ou au choix des dangers publics… Les pousses peuvent être « organisées » en fin de soirée ou les weekends sur les axes rapides, ou être plus spontanées entre deux automobilistes au feu rouge par exemple.