Depuis le mardi 17 mars, la France et La Réunion sont en confinement. Cette mesure préventive face à la pandémie de Coronavirus souligne des particularités, voir des inégalités, selon les territoires. Logements, pauvreté, emplois… on fait le point à La Réunion.
L’île de La Réunion et l’ensemble des Réunionnais sont concernés par des mesures de confinement en cours sur l’ensemble du territoire nationale afin de ralentir l’épidémie de Coronavirus et ce, au moins, jusqu’au 11 mai 2020.
Si l’immense majorité des pays et territoires du monde est concernée par ces restrictions liées au confinement, celles-ci ont fait apparaitre davantage encore certaines inégalités en cours, notamment entre la métropole et l’île de La Réunion.
EMPLOI : La Réunion fait mieux que la Métropole en 2020.
Sur le plan économique, alors qu’une phase de croissance s’amorçait en 2019 avec une baisse de 2,2% du nombre de demandeur d’emploi sur l’île, la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) vient d’annoncer les chiffres de l’emploi pour le premier trimestre 2020.
Bonne nouvelle pour La Réunion : le nombre de demandeurs d’emploi s’établit en moyenne à 161 220 au premier trimestre 2020. Ce nombre poursuit sa baisse de 1,1 % sur le trimestre (contre une stabilisation en métropole) et de -4,4 % sur un an (contre -2,9% en métropole). La Réunion semble ici plus épargnée que la Métropole sur le plan de l’emploi. Mais il est encore un peu tôt pour en tirer plus de conclusion. Rappelons, avant tout, que le chômage représente à La Réunion 24% de la population (contre 8% en Métropole).
Pourtant, comme le rappelle l’Insee, les « feux étaient aux verts » en 2019 pour l’île : l’emploi salarié, les créations d’entreprises, la fréquentation hôtelière étaient tous en hausse.
Mais le paradoxe réunionnais réside toujours : malgré la progression de la création d’emplois chaque année, elle reste insuffisante pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail et cet important taux de chômage s’explique par plusieurs facteurs : structure sociale, taux d’activité féminine, démographie, jeunes… indépendants de la conjoncture économique.
LOGEMENT : Un taux de suroccupation des logements à La Réunion largement supérieur à la Métropole.
En dehors des conséquences économiques que peut provoquer le confinement, celui-ci a évidemment mis en lumière les inégalités en termes de logement et d’occupation à La Réunion et en France. Un « logement suroccupé » est un lieu ou vivent deux personnes ou plus où le nombre de pièces est insuffisant au regard de la taille du ménage.
Ainsi, d’après les statistiques de l’INSEE, le taux de suroccupation de logements à La Réunion s’élève à 10,4% de la population de l’île contre 5% à l’échelle nationale. Les ménages qui vivent dans un logement suroccupé sont 2 fois plus nombreux à La Réunion qu’à l’échelle nationale (rapport à la population). Force est de constater que les inégalités sont fortes face au confinement à domicile.
Poursuivant la même tendance, la part des famille monoparentale vivant en appartement représente 6,4% de la population de l’île contre 2,7% à l’échelle nationale.
PAUVRETÉ : d’importantes inégalités constatées entre La Réunion et la Métropole.
Avec 40% de sa population sous le seuil de pauvreté (contre 8% à l’échelle nationale), il est évident que les disparités se creusent à nouveau.
Dans le détail, si on s’intéresse notamment aux personnages âgées particulièrement touchées et fragilisées par l’épidémie de Coronavirus, les chiffres sont à nouveau sans appel. Ainsi à La Réunion, chez les plus de 75 ans vivant seuls, plus d’1 sur 2 vit sous le seuil de pauvreté (56,2%) contre 11,8% en France métropolitaine.
En revanche, solidarité familiale oblige, et heureusement, les personnes âgées de 75 ans ou plus vivant seules ne représentent que 1,3% des ménages à La Réunion contre 3,6% en France.
De même, si on s’intéresse aux allocataires de l’AAH, l’Allocation aux Adultes Handicapées, il représentent 2,4% de la population de l’île contre 1,6% sur le plan national.
PRIX À LA CONSOMMATION : la difficile comparaison entre La Réunion et la Métropole.
Dès les premiers jours du confinement, les témoignages de Réunionnais relevant une hausse importante de certains produits frais ont afflué.
Ail, oignon, pomme de terre… face à cela, la préfecture de La Réunion décide la reconduction du Bouclier qualité-prix (BQP) 2019 ainsi que la mise en place d’un observatoire des prix pour une cinquantaine de produits indispensables.
Pour autant, après investigations, la Préfecture confirme : « il n’y a pas actuellement de flambée générale des prix à La Réunion. Pour autant, des prix anormalement élevés ont été constatés sur certains produits agro-alimentaires ».
Un simple phénomène de spéculation face à une hausse de la demande et une diminution des stocks ? Probablement. Il reste cependant difficile de s’exprimer sur une potentielle hausse des prix à La Réunion. En effet, depuis le 16 mars, l’INSEE de La Réunion a décidé de suspendre le relevé des prix.