La flore réunionnaise est unique au monde et l’île fait partie des 34 « points chauds » de la biodiversité mondiale. Elle compte des centaines d’espèces végétales endémiques, encore protégées par le relief dantesque de l’île. De nombreuses autres espèces importées, dont certaines pestes végétales, constituent aujourd’hui l’essentiel des champs et des jardins.
Généralités
La flore tropicale et insulaire de La Réunion est unique au monde de part sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique.
Diversité : c’est un point caractéristique de la flore réunionnaise, qui compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces : jusqu’à 40 espèces d’arbres / ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5 / ha. Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
Endémisme : La Réunion a un taux d’espèces endémiques très élevé, et on dénombre ainsi 856 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’homme) sur l’île, dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes.
Structure : la forêt réunionnaise se distingue des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation spécifique, notamment une forte présence des plantes épiphytes : qui poussent sur d’autres plantes comme les Orchidaceae, les Bromeliaceae, les Cactaceae, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses.
Cette richesse et cette originalité tout à fait considérable sur un espace aussi réduit font de La Réunion un des 34 « points chauds » de la biodiversité dans le monde par l’Union Mondiale pour la Nature (UICN). Depuis 2007, La Réunion possède un Parc National dont la surface représente près de la moitié de la surface de l’île, et qui a vocation a protéger et conserver le patrimoine naturel unique et exceptionnel de La Réunion, mais aussi de contribuer à un développement durable et raisonné des hauts de l’île. La Réunion a également été inscrite en 2010 au patrimoine mondial de l’Unesco pour ses « Pitons, cirques et remparts ».
Les milieux naturels de La Réunion
Il est fascinant d’observer la diversité de paysages, de microclimats, et donc de milieux et d’espèces végétales à La Réunion. La flore « visible » est aujourd’hui presque totalement composée de plantes exotiques (importées), mais la flore « cachée », celle des cirques, des ravines profondes ou des hauts sommets, est souvent unique au monde. Les botanistes ont globalement divisé l’île en 5 zones climatiques, qui déterminent différents types de végétation, même si la réalité est bien plus complexe que ça.
Milieux de basse et moyenne altitude
Milieux littoraux : sur 207 km de côtes, le littoral réunionnais est très varié : plages de sable blanc (corallien) ou noir (basaltique) sur les côtes Ouest et Sud, plages de galets hostiles à l’implantation végétale, falaises plongeant dans l’océan… Dans un environnement où le sol est maigre, l’eau (douce) rare et le vent et les embruns fréquents, seules des espèces résistantes peuvent s’y adapter. Cet espace profondément modifié par l’homme sur une bonne part des côtes réunionnaises est aujourd’hui essentiellement composé d’herbes (gazon bord de mer), de lianes (liane Patate à Durand) et d’arbustes comme les Veloutiers (vert, blanc), les Vacoas (ou Pimpin) ou les Filaos.
Savane, forêts sèche et semi-sèche : située sur la côte « sous le vent » (Ouest), les savanes occupent encore de vastes espaces sur les communes de Saint-Paul et Saint-Leu et sont essentiellement composées de graminées et d’épineux (Zépinard, Piquant Jaune ou herbe polisson, piquant rouge et blanc, fataque…). Les forêts sèches et semi-sèches de basse altitude (jusqu’à 700 m), qui disposent d’un écosystème unique au monde, ont quasiment toutes disparues, mais il en reste encore quelques vestiges sur les pentes encaissées des ravines ou dans les cirques. Elles abritent une flore et des espèces très rares et gravement menacées d’extinction (Bois de senteur bleu, Bois d’éponge, Bois puant, Bois de sable, Bois d’ortie, Mahot tantan…).
Forêts de Bois de Couleurs des Bas et de moyenne altitude : la forêt tropicale humide de basse altitude, appelée ici Bois de Couleurs des Bas, couvrait à l’origine toute la « côte au vent » (Est) de l’île jusqu’à 600-700 m d’altitude. Une grande partie de ces forêts de Bois de Couleurs des Bas à disparu, mais on en retrouve des restes très bien conservés dans le Sud-Est de l’île à Sainte-Rose et à Saint-Philippe (forêt de Bois Blanc, forêt de Mourouvin, réserve de Mare-Longue). On y trouve les célèbres Bois de Fer, Grand et Petit Natte ou Palmiste Rouge. L’atmosphère abrité et humide qui y règne favorise également la prolifération des plantes épiphytes (mousses, fougères, orchidées…). La forêt tropicale humide de moyenne altitude s’étale quand à elle jusqu’à 1000 m d’altitude. Elle est adaptée à une humidité importante mais à des températures plus basses. La richesse de la végétation est exceptionnelle et la plupart des espèces ici sont endémiques (Bois de Rose, Bois de Sapo, Mapou, Mahots, Fougères, Orchidées…). Il reste d’importantes surfaces de cette forêt dans les cirques et sur les côtes Est et Sud.
Milieux de moyenne montagne
Ces forêts forment un cercle quasi-complet autour de l’île entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, et elles offrent des visages bien différents en fonction des régions et du taux d’humidité. Le relief de l’île et ses effets climatiques entraînent quasi-quotidiennement une formation de nuages sur l’intérieur qui entretient une humidité très importante sur ces forêts, et favorise donc le développement d’un couvert végétal très dense.
Forêt de Bois de Couleurs des Hauts : ce sont les forêts les plus luxuriantes et denses de La Réunion, et aussi les mieux préservées, à l’image des forêts de Bébour et Bélouve qui sont aujourd’hui encore dans leur état originel. La canopée assez basse dépasse rarement les 10 mètres, mais les arbres comme le Mapou, les Mahots, le Bois de Tambour, le Bois Magie ou le Tan Rouge s’entremêlent, et émergent de cet entrelacs de nombreuses Fougères Arborescentes, appelées ici Fanjans, qui érigent leur parasol au-dessus de la canopée. Au sol, mousses, petites fougères, orchidées et autres plantes épiphytes exploitent le moindre centimètre carré. L’univers humide et très souvent brumeux de ces forêts tropicales leur vaut le nom de Forêt de Nuages.
Forêt de Tamarins des Hauts : le Tamarin des Hauts est un arbre endémique de La Réunion et peut mesurer jusqu’à 25 mètres, même s’ils ont souvent une forme sinueuse et torturée, notamment par adaptation au vent et aux cyclones. Certains spécimens remarquables ont aujourd’hui des siècles et ont connu La Réunion avant l’arrivé de l’Homme. On le trouve souvent avec le Calumet, bambou endémique de l’île, ou le Brande Vert.
Fourrées hyper-humides : sur les versants exposés aux pluies (côte au vent), les sols marécageux ont favorisé l’installation de fourrés hyper-humides composés de Fougères Arborescentes, de Palmistes Rouge ou de Vacoas des hauts (Pinpins) et autres arbustes. ce type de forêt très humide est aussi appelée « l’Avoune » en créole.
Haute altitude
Landes de haute altitude : Au delà de 2000 mètres d’altitude, les conditions climatiques sont difficiles : écart de températures avec un ensoleillement fort la journée et un froid nocturne important, pluies, brouillard épais, vents forts… Dans ce contexte, la végétation est devenue particulièrement résistante, et les forêts vertes et luxuriantes laissent place à une végétation de petite taille, souvent aux formes torturées à l’image des Branles (vert et blanc), et aux « feuilles dures ». Le paysage devient aussi beaucoup plus minéral.
En Savoir + : Les Forêts de La Réunion
La flore remarquable de La Réunion
Le 3 décembre 2017 a été publié au Journal Officiel de la République Française le dernier arrêté définissant la liste des espèces végétales protégées à La Réunion. L’arrêté retient 238 espèces végétales pour lesquelles la mise en place de mesures de protection réglementaire et une surveillance accrue sont jugées nécessaires, et dont voici les principaux représentants.
→ Télécharger l’arrêté préfectoral du 03/12/2017 : liste des 238 espèces protégées à La Réunion (*pdf)
Arbres et arbustes de la Flore à La Réunion
Ambaville : l’Ambaville (Hubertia Ambavilla) est un arbre endémique de La Réunion. Il est assez commun et on le trouve dans les forêts sèches, dans les forêt humides de Bois de Couleurs et dans les landes jusqu’à 2000 m d’altitude. C’est un arbrisseau très ramifié mesurant 2 à 4 m de hauteur au feuillage très dense de couleur vert clair et aux petites fleurs blanches ou jaunes. L’Ambaville est une espèce reconnue et utilisée dans la médecine traditionnelle à La Réunion, en tisane ou en décoction (gastro-entérite, bourbouille, dartres, eczéma, brûlures, démangeaisons, plaies, inflammations…).
Benjoin : Le Benjoin (Terminalia Bentzoe) est un arbre endémique des Mascareignes et il est devenu assez rare à La Réunion compte tenu de sa forte exploitation, même s’il est assez peu exigeant (eau, qualité du sol). On le trouve dans les secteurs de basse altitude mais principalement à Saint-Philippe et à Sainte-Rose, et il a fait l’objet de plantations en forêt de l’Etang-Salé ou à la Grande Chaloupe. C’est un arbre au tronc droit qui peut dépasser 25 m et qui portent des branches régulièrement étagées formant un feuillage assez dense. Le Benjoin est utilisé en sylviculture, en construction, pour l’ameublement, et son écorce est utilisée par les tisaneurs.
Bois de Corail : le Bois de Corail (Chassalia Corallioides) est un des 3 arbres endémiques de La Réunion du genre Chassalia. Assez fréquent, il occupe les forêts humides et les ravines entre 700 et 1400 m d’altitude. Le Bois de Corail est un petit arbre qui peut mesurer jusqu’à 5 m et qui porte des feuilles de forme ovale assez grandes. Durant sa floraison de décembre à mars, le Bois de Corail forme des fleurs remarquables aux longs pédoncules et pédicelles blancs à rosés et aux corolles bleuâtres qui ressemble à du corail. Ses fruits sont appréciés des oiseaux forestiers endémiques de La Réunion. Il est utilisé en restauration écologique des milieux dégradés en mélange avec d’autres espèces indigènes de Bois de Couleurs.
Bois d’Olive : le Bois d’Olive Blanc (Olea Lancea) est un arbre indigène des Mascareignes, et le Bois d’Olive Noir (Olea Europaea) est endémique de La Réunion. On les trouve essentiellement en zone sèche dans les forêts de basse altitude, même si le Bois d’Olive Blanc existe aussi en zone humide, et aussi dans les cirques de Mafate et Cilaos. Ce sont des arbustes ou arbres rameux atteignant 6 m de hauteur et au tronc clair et épais, dont le diamètre est rarement supérieur à 30 cm, et qui produit des fruits noirs ressemblant à l’olive. Ils ne sont pas employés en sylviculture mais ils sont utilisés pour la petite ébénisterie et la charpente car c’est un bois de qualité et à la finition aisée.
Bois de Nèfles : le Bois de Nèfles (Eugenia Buxifolia) fait partie de la longue liste des Bois de Couleurs endémiques de La Réunion. Il est assez commun et on peut le trouver un peu partout sur l’île dans les forêts entre 200 et 1800 m d’altitude. C’est un petit arbre qui peut atteindre 10 m au feuillage épais et à l’écorce plutôt claire. Il a des petites feuilles de forme ovale et de couleur vert sombre et de très jolies fleurs blanches aux étamines roses durant sa floraison de décembre à avril. La Bois de Nèfles peut être utilisé en reboisement en mélange avec d’autres espèces. On lui prête en pharmacopée des vertus anti-inflammatoire.
Bois Noir : le Bois Noir (Albizia Lebbek) est originaire d’Inde et se trouve un peu partout sur l’île en dessous de 600 m, mais principalement dans l’Ouest. D’importantes plantations de Bois Noir ont été faites dans la forêt de l’Etant-Salé. C’est un arbre mesurant 20 m environ au feuillage très sombre qui perd toutes ses feuilles de aout à septembre. Arbre résistant à la sécheresse et aux embruns, il est utile et employé dans la protection des sols et il fournit de plus un ombrage important (route, plantation en plein soleil). Le Bois Noir est aussi utilisé en menuiserie, en construction, en ébénisterie et en marqueterie.
Bois Noir des Hauts : le Bois Noir des Hauts (Diospyros Borbonica) ou « Bois d’ébène de Bourbon » est un arbre endémique de La Réunion de la même famille que l’Ebène qui peut atteindre 16 m de hauteur et dont les rameaux sont groupés au sommet de l’arbre. Le fruit est une baie sphérique qui ressemble à un petit kaki. Il est assez commun dans les forêts humides de Bois de Couleurs des Hauts mais on le trouve aussi dans certaines forêts de Bois de Couleur des Bas jusqu’à 700 m d’altitude (Saint-Philippe). Il est utilisé en sylviculture en reboisement en mélange avec d’autres essences. Jadis utilisé en menuiserie et ébénisterie, il ne l’est plus aujourd’hui du fait de sa rareté.
Bois Puant : arbre endémique de La Réunion et de Maurice, le Bois Puant (Foetidia Mauritiana) est une espèce protégée devenue très rare dont la population ne doit pas excéder une centaine d’individus. On ne le trouve que dans les forêts sèches de l’Ouest, dans le massif de la Montagne et quelques recoins de Mafate. Il peut atteindre 15 à 20 m et son écorce est grise et rugueuse. Outre son exploitation abusive par le passé, le Bois Puant doit également sa rareté à son faible potentiel de régénération naturelle, alors même qu’on ne maitrise pas sa sylviculture. Des jeunes plants sont cultivés expérimentalement en pépinière. Il a été largement exploité par le passé pour la qualité de son bois réputé imputrescible.
Bois de Rempart : aussi souvent appelé Mapou, le Bois de Rempart (Agarista salicifolia) est un arbre endémique des Mascareignes. C’est une plante indigène pionnière des coulées de lave qui participe activement à la colonisation préforestière naturelle des coulées de lave récentes du Piton de la Fournaise au Grand Brûlé. Il est plus rare dans les forêts denses et ne dépasse pas 1200 m d’altitude, et les plus beaux spécimens sont situés en forêt de Mare Longue à Saint-Philippe. Le Bois de Rempart peut atteindre 15 à 20 m de haut et dispose d’un feuillage assez diffus. Ses fleurs sont de jolies clochettes roses et tombantes, mais attention, toutes les parties de cet arbre sont extrêmement toxiques. En pharmacologie, cette plante peut être utilisée (avec prudence) pour soigner les plaies.
Camphrier : originaire de l’Asie du Sud-Est, le Camphrier (Cinnamomum Camphora) s’adapte bien à un climat chaud et humide, et on le trouve à La Réunion surtout sur la côte Est jusqu’à 1000 m d’altitude. Il a été utilisé en sylviculture pour reboiser des parcelles dans le cirque de Salazie ou à Basse Vallée, et il fait encore l’objet de plantations à la Plaine des Lianes. Le Camphrier est un grand arbre de 30 m de hauteur à l’écorce rugueuse et fissurée, et aux feuilles brillantes qui dégagent une forte odeur de camphre quand on les froisse. Bois tendre, il est traditionnellement utilisé pour fabriquer des meubles de rangements des étagères ou des portes. L’odeur du camphre persistante semble éloigner les insectes.
Cryptoméria : le Cryptoméria du Japon (Cryptomeria Japonica) est un arbre originaire du Japon qui apprécie un climat montagnard, des précipitations importantes et un bon ensoleillement, et se trouve donc parfaitement adapté à La Réunion, d’autant qu’il est résistant aux cyclones. Planté entre 900 et 1600 m d’altitude, on le trouve dans toute l’île (Plaine d’Affouches, hauts du Brulé, Petite Plaine, Bébour, Bélouve, Bras Sec, Makes, Plaine des Cafres, hauts de l’Ouest). Conifère au tronc droit mesurant jusqu’à 25 mètres, son feuillage en forme conique est épais et sombre. Il est utilisé pour la charpente, les aménagements intérieurs (plafonds, bardeaux, lambris, poutres…) ou l’ameublement et il est disponible en stock à la scierie de Saint-Benoît.
Champac : originaire de l’Inde et du Népal, le Champac (Magnolia Champaca) est un arbre qui a été planté dans la partie humide de l’île jusqu’à 800 m d’altitude, et on le trouve notamment le long de la RN3 au dessus de la Confiance à Saint-Benoît. Le Champac mesure 15 mètres de hauteur et il est assez reconnaissable grâce à son écorce blanche et son feuillage persistant vert, tendre et touffu. Il est peu employé en sylviculture mais on l’utilise traditionnellement pour la réalisation de petits meubles d’intérieur. Cet arbre est considéré comme envahissante à La Réunion car il assombri le sous-bois et empêche la régénération naturelle de certaines espèces indigènes.
Cassia de Siam : le Cassia de Siam (Cassia Siamea) est un arbre originaire de l’Asie tropicale qui est assez fréquent à La Réunion et que l’on rencontre partout sur l’île jusqu’à 800 m d’altitude. Il a été planté dans la forêt de la Providence à Saint-Denis et dans la forêt de l’Etang-Salé, surtout comme arbre de protection des sols. Arbre au feuillage persistant qui peut atteindre 20 m de hauteur, il porte de janvier à mars de très jolies fleurs jaunes à l’extrémité de ses rameaux. Il est principalement employé comme arbre de protection des sols, mais il fait un bon bois de feu et peut être utilisé en ébénisterie. On lui prête aussi des vertus médicinales dans le traitement des troubles du sommeil.
Corce Blanc : le Corce Blanc ou Bois de Bassin (Homalium Paniculatum) est un arbre endémique de La Réunion et de Maurice. On le trouve fréquemment dans les forêts sèches et humides entre 0 et 1000 m d’altitude, notamment à Saint-Philippe ou dans le massif des Makes (forêt de Malbar Mort) qui compte quelques individus très bien conservés aux dimensions exceptionnelles. Le Corce Blanc peut atteindre 30 m mais ne possède jamais de grosses branches, et son tronc est recouvert d’une écorce blanchâtre et peu épaisse d’où son nom. On l’utilise en sylviculture pour combler les brèches dans le couvert végétal et dans un objectif d’enrichissement de la forêt. Les seuls arbres restants étants situés dans réserves protégées, on ne l’utilise plus, mais c’est un excellent bois pour la construction, l’ébénisterie, la menuiserie et la marqueterie.
Eucalyptus : la grande famille des Eucalyptus (Eucalyptus sp.) compte plus de 500 espèces toutes originaires d’Australie. Ils sont surtout plantés en zone sèche sur la côte Ouest de l’île, particulièrement dans la forêt de l’Etang-Salé, mais on trouve aussi des spécimens dans la forêt de la Providence à Saint-Denis. A La Réunion, on trouve principalement les espèces E. Robusta, E. Citriodora (feuille à odeur de citron) et E. Tereticornis. L’Eucalyptus peut mesurer jusqu’à 100 m et dispose d’un feuillage assez peu développé et peu ombragé. Les espèces présentes à La Réunion peuvent être utilisées en menuiserie et en marqueterie.
Filaos : originaire de Birmanie, de Malaisie et d’Australie, les Filaos sont caractéristiques de l’île, car on en trouve différentes espèces partout à La Réunion. Arbre très résistant et s’adaptant au terrains difficiles, ces différentes espèces sont employées en sylviculture : le Filao Pays (Casuarina equisetifolia) est utilisé en zone littorale jusqu’à 300 m d’altitude de Saint-Paul à l’Etang Salé pour fixer le sable. Le Casuarina Cunninghamiana (Filao de Nouvelle Holande) est présent dans les hauts entre 500 et 1500 mètres d’altitude et il est utilisé dans la région au vent pour servir de support aux pieds de vanille ou a quelques boisements de protection. Le Casuarina Glauca (Filao multipliant) se niche sur les fortes pentes, dans le lit des ravines ou dans les cirques. Les Filaos peuvent mesurer jusqu’à 20 m, ont un tronc étroit et un couvert léger composé de feuilles ressemblant à des aiguilles. C’est un bois très dur excellent pour la charpente et aussi un très bon bois de feu.
Flamboyant : le Flamboyant (Delonix Regia) est un arbre emblématique de La Réunion, même s’il n’est pas endémique de l’île puisqu’il est originaire de Madagascar. Cet arbre d’ornement introduit à La Réunion vers 1850 est aujourd’hui commun notamment grâce à sa croissance rapide et car il demande assez peu d’eau. C’est un arbre qui peut atteindre presque 20 mètres au tronc lisse et on le trouve fréquemment dans les parcs et jardins, sur le bord des routes ou les forêts de basse altitude, mais c’est au début de l’été austral à partir du mois de novembre lors de sa floraison qu’il devient incontournable. Le Flamboyant arbore en effet au bout de ces rameaux des touffes de superbes fleurs rouges écarlates pouvant mesurer jusqu’à 15 cm et il devient à cette période l’arbre de Noël des réunionnais. Attention en revanche car les graines des fruits son toxiques. Surtout utilisé pour l’ornement et l’ombrage, le Flamboyant constitue aussi un très bon bois de construction.
Grand Natte : le Grand Natte (Mimusops Maxima) est un arbre endémique des Mascareignes que l’on trouve dans les zones humides jusqu’à 1000 m d’altitude dans les forets de Bois de Couleurs, plutôt en zone basse, et il couvre des espaces encore importants dans le Sud-Est de l’île. C’est un grand arbre qui peut atteindre 25 m de hauteur au tronc élancé et au feuillage persistant, et à l’écorce épaisse et blanchâtre. Le Grand Natte a été planté en peuplements purs dans la région de Saint-Philippe afin de produire du bois d’oeuvre. On ne l’utilise qu’en milieu sec pour la menuiserie intérieure ou l’ameublement.
Grevillea : originaire d’Australie, le Grevillea (Grevillea Robusta) est très répandu à La Réunion comme arbre d’ornement ou d’alignement. Très résistant au vent et à la sécheresse, il est particulièrement adapté à la côte Ouest jusqu’au Tampon entre 500 et 2000 m d’altitude ainsi qu’aux cirques les plus secs (Mafate et Cilaos). C’est un arbre au tronc droit et au feuillage persistant assez touffu qui peut dépasser 30 m de haut. Le Grevillea produit de septembre à novembre de jolies fleurs couleur safran. Arbre à la croissance rapide et au bois de bonne qualité, il est utilisé en ébénisterie, en tournage ou pour l’ameublement.
Lila de Perse : plus connu à La Réunion sous le nom de Margosier (Melia Azedarach), cet arbre originaire d’Asie centrale est planté et présent jusqu’à 600 m d’altitude. Relativement résistant à la sécheresse, il est utilisé en sylviculture dans les peuplement à rotation courte. Le Margosier peut atteindre une quinzaine de mètres de hauteur, a une écorce gris foncée, et il produit en été des bouquets de fleurs mauve pâle. Il est essentiellement utilisé comme arbre d’ombrage et d’ornement et pour la protection des sols dans les zones sèches, mais il fait aussi un très bon bois de feu.
Mahots : les Mahots (Dombeya, Hibiscus) comptent de nombreuses espèces, certaines sont endémiques des Mascareignes, et d’autres sont endémiques de La Réunion : Mahot (Dombeya Punctata Cav.), Mahot Rouge (Dombeya reclinata Cordem.), Petit Mahot (Dombeya ficulnea Baill.), Petit Mahot Noir (Dombeya ferruginea Cav.), Mahot Rose (Dombeya elegans Cordem.), Mahot Bleu (Dombeya delislei Arènes), Mahot Blanc (Dombeya ciliata Cordem.). Ces arbres et arbustes se trouvent essentiellement dans les forêts de Bois de Couleurs jusqu’à 2000 m d’altitude mais certains spécimens trouvent refuge dans les forêts semi-sèches des bas (Mahot Tantan, Dombeya acutangula). Certaines espèces sont communes tandis que d’autres sont devenues très rares, et leurs tailles évoluent entre 3 et 10 mètres de haut.
Mahogani : le Mahogani (Swietenia Macrophylla) ou Acajou Grandes Feuilles est originaire d’Amérique centrale et a été introduit à La Réunion dans les années 50. Son exploitation illégale malgré une protection internationale ont conduit cette espèce vers l’extinction et on ne le trouve quasiment plus en Amérique centrale ni au Mexique aujourd’hui. A La Réunion, on le trouve en peuplements purs dans la forêt de la Providence à Saint-Denis ou à Saint-Philippe (Béloni) mais il est utilisé à petit échelle en reboisement, notamment à cause de sa faible résistance aux vents. Son bois qui est un Acajou en fait un bois précieux et très prisé en ébénisterie et en marqueterie.
Palmiste Rouge : Le Palmiste Rouge (Acanthophoenix Rubra) est un palmier endémique des Mascareignes et emblématique à La Réunion, qui est malheureusement devenu rare à l’état sauvage compte tenu de sa forte exploitation pour la consommation très appréciée de son coeur, le chou-palmiste. On ne le trouve plus que dans les zones escarpées et difficiles d’accès entre 100 et 1500 m, et plus rarement à l’état juvénile en sous-bois. Le Palmiste Rouge est cependant aujourd’hui largement cultivé, particulièrement à Sainte-Rose et Saint-Philippe mais aussi dans de nombreux jardins familiaux. Deux autres espèces de Palmiers du même genre sont endémiques de La Réunion : le Palmiste Noir (Acanthophoenix Crinita) et le Palmiste de Roussel (Acanthophoenix rousselii) mais elles sont classées en danger critique d’extinction et ne se trouvent plus à l’état sauvage que dans quelques rares secteurs près de la ravine des Cabris notamment.
Petit Natte : le Petit Natte (Labourdonnaisia Calophylloïdes) est un arbre endémique de La Réunion qui évolue plutôt en zone humide entre 0 et 900 m d’altitude. Autrefois très commun, on ne le trouve plus aujourd’hui qu’à l’état très disséminé, sauf à Saint-Philippe où on le trouve en peuplements presque purs. C’est un grand arbre pouvant atteindre 20 m de hauteur au tronc très droit pouvant atteindre 1 m de diamètre, et au feuillage épais en son sommet. Le Petit Natte est une essence forestière de premier plan, et il est utilisé en reboisement dans la région de Saint-Philippe, soit en peuplement pur, soit en mélange avec d’autres Bois de Couleurs. Autrefois employé en menuiserie, charpente et parquet à cause de la qualité de son bois, sa rareté fait qu’on ne l’utilise plus aujourd’hui qu’en ébénisterie.
Tamarin des Hauts : le Tamarins des Hauts (Acacia Heterophylla) est un arbre endémique et emblématique de La Réunion. Il est encore commun sur l’île et il se développe un peu partout entre 1200 et 1900 m d’altitude. Les massifs les plus importants sont situés dans les forêts de Bélouve et Bébour, la forêt des Bénares et des Hauts sous le Vent, la Plaine des Fougères ou la Plaine des Tamarins à Mafate. C’est un arbre au tronc noueux et court et au feuillage bleuté au couvert léger. Les spécimens les plus remarquables peuvent atteindre 20 m. Le Tamarins des Hauts est, avec le Cryptoméria, la seule essence forestière à alimenter l’unique scierie industrielle de l’île et son bois est surtout utilisé en ébénisterie, mais on en fait aussi du bardeau (toitures) et du parquet.
Tamarinier : originaire d’Afrique orientale et de Madagascar, Le Tamarinier (Tamarindus Indica) se trouve à La Réunion essentiellement sur la côte Ouest jusqu’à 500 m d’altitude où il se développe naturellement notamment les savanes car il support très bien les sécheresses. La Tamarinier peut atteindre 30 m et il a un feuillage épais au tronc assez court. Son bois est difficile à travailler et il n’est pratiquement pas utilisé en menuiserie ou ébénisterie. En revanche, il fournit un excellent charbon de bois, ses feuilles sont utilisées comme fourrage pour les animaux, et surtout son fruit bien connu à La Réunion donne une pulpe très appréciée qui a la réputation d’être un fortifiant. Il est consommé à l’état naturel et sous de nombreuses formes (boissons, glaces…). Enfin, le Tamarinier à de multiples usages médicinaux : infusion de racines (voies respiratoires), cendres de coques de fruits (dysenterie), feuilles pilées (affection biliaires), pulpe (fièvre, tube digestif )…
Tan Rouge : endémique des Mascareignes, le Tan Rouge (Weinmannia Tinctoria) est assez commun dans les forêts humides de Bois de Couleurs entre 800 et 1700 m d’altitude. Il est souvent présent dans les Tamarineraies, et il est planté en enrichissements et en mélange avec d’autres essences. Quelques plantations expérimentales ont été faites à Notre-Dame de la Paix et dans la forêt de Bébour-Bélouve. Le Tan Rouge mesure une dizaine de mètres et il se ramifie brusquement au delà de 3-4 m pour former un feuillage assez touffu. Il peut être utilisé en menuiserie, charpente ou tonnellerie. Du fait de son abondante floraison, le Tan Rouge est apprécié des apiculteurs, qui en retirent un miel particulier, appelé « miel vert ».
Vacoa : le Vacoa (Pandanus Utilis) est endémique des Mascareignes mais son origine reste incertaine. C’est une espèce fréquente du littoral réunionnais, particulièrement dans l’Est et le Sud de l’île. Le Vacoa peut atteindre 15 à 20 m de haut et il est très ramifié dans sa partie supérieure, les branches se terminant par des touffes de feuilles. Il se caractérise aussi par ses racines-échasses en forme de dôme qui ancrent et supportent la plante. Son fruit, appelé Pimpin, est très apprécié dans la cuisine réunionnaise. Le Vacoa est emblématique à La Réunion et ses utilisations sont multiples : c’est un brise vent, il sert de tuteur pour la culture de la vanille, ses feuilles utilisées autrefois pour les habitations le sont aujourd’hui pour confectionner de nombreux objets artisanaux (Bertel…). En cuisine, le chou de Vacoa (coeur) se mange en salade ou en gratin par exemple, et le Pimpin (fruit) est utilisé dans de nombreuses recettes salées ou sucrées.
Zévi Marron : le Zévi Marron ou Bois Blanc Rouge (Pourpartia Borbonica) est un arbre endémique de Maurice et de La Réunion qui a probablement disparu de Maurice, et qui est devenu rare à La Réunion. Il se trouve dans les zones semi-sèches, ainsi que sur les coulées récentes à basse altitude, et plus exceptionnellement dans le massif de la Montagne (Grande Chaloupe, Ravine à Malheur, Dos d’Ane), à Mafate (Bras des Merles, Bras Bémale et Ilet des Lataniers) ou à Basse Vallée et à Mare Longue. Le Zévi Marron peut atteindre 10 à 15 m de haut et il a un feuillage assez dense au nombreuses folioles. Il est peu utilisé en reboisements car la production de plants reste limitée du fait de la rareté des graines mais il est plantée en enrichissements (Béloni) à des fins de préservation. Il est utilisé par les tisaneurs pour son écorce.
Le Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement de La Réunion (CAUE) a lancé courant 2016 un inventaire des Arbres Remarquables de La Réunion, où chacun peut participer. Fin 2017, le CAUE a publié une liste de 134 Arbres Remarquables à La Réunion (signalés, recensés par des observateurs puis étudiés par la Commission Piédboi), consultable sur une carte interactive. Un site plus complet devrait être lancé courant 2018.
En Savoir + : Carte des Arbres Remarquables de La Réunion (site du CAUE)
Fougères et épiphytes de la Flore de La Réunion
La très forte présence de fougères et de plantes épiphytes est un des aspects remarquables des forêts réunionnaises, et on en compte des centaines d’espèces, dont plusieurs dizaines sont endémiques de La Réunion.
Fanjans : il existe 3 espèces de Fanjans indigènes à La Réunion, dont le Fanjan femelle Cyathea Glauca qui est strictement endémique de La Réunion, les deux autres espèces (Fanjan mâle Cyathea Borbonica et Fanjan femelle Cyathea Excelsa) étant endémiques de Maurice et de La Réunion. Ces superbes fougères arborescentes sont une véritable représentation caractéristique de la flore réunionnaise, et on les rencontre dans les forêts humides de Bois de Couleurs entre 1300 et 2000 m d’altitude. Les Fanjans peuvent mesurer plus de 10 mètres de hauteur et portent en leurs sommets de vastes feuilles formant comme un parasol. Bien que protégés, ils font malheureusement l’objet de braconnages, notamment pour créer des pots de fleurs ou des supports d’orchidées. Une espèce exotique qui s’est aujourd’hui naturalisée, le Fanjan australien Cyathea Cooperi, est classée sur la liste des espèces envahissantes de La Réunion.
Calumet : le Calumet (Nastus Borbonicus) est un superbe petit bambou endémique de La Réunion. Il assez commun dans les hauts de l’Ouest et du Nord et dans les forêts de Tamarins où il peut former des peuplements assez denses. Il peut mesurer jusqu’à 6 m, et il est facilement reconnaissable à ses feuilles groupées en touffes insérées au niveau des noeuds. Utilisé autrefois pour la construction des paillotes, on utilise aujourd’hui le Calumet dans l’artisanat et en charpente de toit de chaume, ou pour fabriquer des cannes à pêche.
Fougère Tam-Tam : la Fougère Tam-Tam (Adiantum Reniforme) est une petite fougère terrestre endémique de La Réunion. Elle se développe en région sèche mais aussi en forêt humide jusqu’à 1300 m d’altitude, et pousse souvent sur les rochers. On peut notamment l’observer sur le chemin des Anglais à la Possession. Au sol et d’aspect coriace, ses frondes (nom donné aux feuilles des fougères) sont rondes en forme de rein et les spores, petit sacs de sporanges qui décorent joliment le pourtour du limbe sont très jolis.
Fougère Fée : endémique de La Réunion, la Fougère Fée (Ctenitis Cyclochlamys) est une fougère terrestre assez fréquente sur l’île. On la trouve dans les forêts de Bois de Couleurs de 800 à 1600 m d’altitude. Les frondes de la Fougère Fée peuvent atteindre et dépasser un mètre.
Il existe des dizaines d’autres espèces de fougères endémiques et exotiques à La Réunion : Doradille Brillante, Patte-Lézard, Fougère Mille-pattes, Fougère Cassante, Fougère de Laine, Fougère Aigle, Corne de Cerf, Fougère Nid d’oiseau…
Plantes Epiphytes : les Epiphytes sont des plantes qui parviennent à se développer sur et à la surface d’autres végétaux sans pour autant les parasiter et perturber donc leur croissance et leur développement. Elles affectionnent les forêts de Bois de Couleurs humides de La Réunion où elles sont particulièrement développées. Les plantes épiphytes regroupent de très nombreuses espèces au sein desquelles on trouve un endémisme très élevé : lichens, mousses, fougères, broméliacées, et bien sur les orchidées dont La Réunion recense plus de 80 espèces indigènes et plus de 60 espèces endémiques (épiphytes et terrestres).
Espèces exotiques invasives
Importées au fil du temps, certaines espèces exotiques ont trouvé à La Réunion des conditions idéales pour leur développement, mettant en danger la flore endémique et unique de l’île. Certaines d’entre elles sont aujourd’hui très préoccupantes.
Raisin marron : le Raisin marron ou Vigne marrone (Rubus Alceifolius), plante exotique originaire de l’Asie du Sud-Est, est une des espèces exotiques parmi les plus envahissantes à La Réunion. Introduite vers 1850, elle a progressivement colonisé tous les espaces de l’île et on la trouve aujourd’hui un peu partout (friches, champs, ravines, forêts…) jusqu’à plus de 1500 m d’altitude. Son développement puissant empêche les espèces indigènes de se développer. Forme de ronce, le Raisin marron est un arbrisseau dont les branches portent des épines et les feuilles ressemblent à celle de la vigne, d’où son nom. Les fleurs et les fruits ressemblent à ceux du framboisier. La lutte contre cette espèce a été rendue obligatoire à La Réunion et les différentes actions menées depuis les années 90 ont permis de la faire reculer, même si elle reste très présente et un danger pour la flore indigène réunionnaise.
Longoses : il existe plusieurs espèces de Longoses à La Réunion, toutes envahissantes : le Longose à fleurs jaunes (Hedychium Gardnerianum) est le plus installé et celui qui représente la plus grande menace, le Longose jaune vanille (Hedychium Flavescens) est également très présent, et le Longose à fleurs rouge (Hedychium coccineum) est moins fréquent que les deux premiers mais tout aussi destructeur. Ces espèces forment des populations très denses au sein desquelles toute régénération des plantes indigènes devient impossible. Elles se développent un peu partout (long des routes, chemins, lisières, sous-bois, forêts humides, bordures des cours d’eau…), même sur les arbres, et colonisent les moindres espaces libres. Les Longoses ont initialement été introduit comme plante ornementale, ils arborent en effet de superbes fleurs. Le contrôle des Longoses et la lutte contre ces pestes végétales s’avèrent difficile.
Goyavier : le Goyavier (Psidium cattleianum) est un arbre originaire du Brésil qui a été introduit à La Réunion dès le début du XIXè siècle comme plante de jardin. Quel paradoxe que ce Goyavier : véritable menace pour la flore indigène réunionnaise, c’est en même temps aujourd’hui un fruit très apprécié à La Réunion, que l’on fête tous les ans à la Plaine des Palmistes. Arbre mesurant 4 à 6 m, on le trouve aujourd’hui partout sur l’île entre 100 et 1000 m d’altitude en zone sèche et humide, particulièrement dans l’Est. Le Goyavier se développe rapidement et empêche la recolonisation par les espèces indigènes, et dans la forêt il forme des fourrés denses qui exclut les autres plantes. Il produit de février à octobre un fruit rouge et acidulé très apprécié et très utilisé dans la cuisine réunionnaise. Il est consommé cru, en jus, tartes, gelés, glaces, punchs et même des plats de viande. On le trouve sur le bord des sentiers ou dans des « exploitations » de récoltes familiales à la Plaine des Palmistes. Son bois est aussi largement utilisé (mobilier et décoration, meubles, objets…).
Jamrosat : le Jamrosat ou Jambrosade (Syzygium Jambos) est originaire de la région indo-malaise et a été introduit à La Réunion pour ses fruits et l’ornement, puis a été planté pour reboiser des zones défrichées, permettant ainsi à la plante de se naturaliser et de coloniser progressivement de nombreux espaces. On le trouve aujourd’hui dans les forêts humides, les pentes et les ravines et son implantation dense empêche la régénération et le développement des autres espèces indigènes. Le Jamrosat est pourtant un bel arbre qui peut atteindre 10 m de hauteur au feuillage vert foncé et qui porte toute l’année de belle fleurs et des fruits très appréciés à la saveur de rose. Le fruit est consommé cru, en compote, en gelée ou en confiture mais sert aussi à des préparations de rhums arrangés à l’odeur de rose.
Citons également Galabert, Ajonc d’Europe, Fuschia, Arum, Baie Rose, Choca et liste pourrait continuer.
Pour aller plus loin :
- ONF Réunion : patrimoine, flore
- Espaces naturels et biodiversité de La Réunion (ENS)
- CIRAD : arbres et arbustes de La Réunion
Les Hommes et les plantes à La Réunion
Dès son arrivée sur l’île, l’Homme a introduit plusieurs espèces exotiques, au point d’avoir doublé le nombre de plantes présentes à La Réunion. On dénombre aujourd’hui près de 1000 espèces de plantes exotiques qui se sont progressivement installées à La Réunion. Certaines de ces espèces très envahissantes, appelées « pestes végétales », constituent aujourd’hui un vrai danger pour les milieux et les espèces indigènes (Acacia des hauts, Raisin Marron, Longose, Goyavier…).
Aujourd’hui, sauf dans les espaces naturellement préservés et ceux qui sont aujourd’hui protégés, la flore de La Réunion, celle du littoral et des zones occupées par l’homme, est presque uniquement composée de plantes exotiques, c’est à dire de plantes venues d’ailleurs. Les premières plantes importées sur l’île l’ont été pour se nourrir, mais dès l’administration de Bourbon par la Compagnie des Indes, différentes cultures se sont développées à « marche forcée » pour « rentabiliser » La Réunion : café au départ, puis épices, vanille, tabac, plantes a parfums et bien sur canne à sucre. Aujourd’hui, les cultures d’exportation ont reculés mais le Géranium ou la Vanille Bourbon restent parmi les meilleurs du monde. La canne à sucre, qui occupe les 3/4 des espaces cultivables et constitue la seule vraie culture d’exportation de l’île, se maintient même si la filière reste fragile et subventionnée. La culture des fruits et légumes consommés sur place est aujourd’hui l’activité la plus rentable.
Les plantes et la maison
Les réunionnais attachent de l’importance et aiment leurs jardins, et il est possible de voir des jardins créoles de toute beauté un peu partout sur l’île. Comme pour le reste, la diversité et le métissage des espèces caractérisent le jardin réunionnais, qui est souvent exubérant et se présente sous la forme d’un véritable fouilli organisé ou se mêlent plantes comestibles et ornementales. On y trouve de nombreuses espèces de palmiers, de fleurs, de lianes, de fruitiers ou d’épices : orchidées, bougainvilliers, hibiscus, pandula, alamanda, azalées, frangipanier, sagou…
Les plantes et la cuisine
Que ce soit pour les légumes, les fruits ou les épices, c’est encore une fois un tour du monde des 5 continents que vous retrouverez dans votre assiette, et avant ça dans votre les jardins réunionnais. La Réunion dispose d’une très grande diversité de plantes utilisables en cuisine ou consommables. La cuisine réunionnaise est ainsi très colorée et épicée.
En Savoir + : La cuisine réunionnaise
Un patrimoine unique à préserver
Les plantes endémiques de La Réunion ont appris pendant des siècles à se développer dans un milieu clos, et sans forte « concurrence », la flore de l’île est donc très fragile. L’arrivée de l’homme a immédiatement perturbé cet environnement, que ce soit par l’exploitation des « surfaces utiles », comme par l’importation de nombreuses espèces venues d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, des Amériques ou d’Europe, dont certaines d’entres elles constituent aujourd’hui de véritables pestes végétales et un risque pour la flore indigène et endémique de l’île.
La prise de conscience de l’extraordinaire valeur du patrimoine naturel de La Réunion est assez récente, mais la protection de cet environnement fait aujourd’hui l’objet de nombreuses mesures visant à préserver la richesse unique de ce petit caillou perdu dans l’océan Indien. La legislation est devenue logiquement et heureusement très contraignante puisque l’introduction de graines ou de boutures exotiques est formellement interdit. La cueillette est elle aussi formellement interdite dans l’espace du Parc National pour toutes les espèces endémiques de l’île.