La faune réunionnaise peut sembler pauvre, mais elle recèle en réalité un bon nombre d’espèces endémiques d’oiseaux, d’insectes ou de reptiles, même si elle est souvent cachée, et parfois menacée par la faune importée. La Réunion ne compte aucune espèce animale (reptiles ou autres) réellement dangereuse, en tout cas sur terre.

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La faune avant les hommes

Solitaire de Bourbon

Avant la colonisation de l’île, il n’y avait aucun mammifère, hormis quelques chauve-souris, peu de reptiles et peu d’oiseaux à La Réunion. En effet, peu d’animaux peuvent parcourir les distances qui séparent l’île du « reste du monde », 800 km au plus près pour Madagascar, des milliers de kilomètres pour l’Afrique ou l’Asie. Ainsi, durant des millénaires, la faune de l’île ne s’est enrichie que de quelques dizaines d’espèces, dont certaines s’y sont installées et ont progressivement évoluées pour devenir des espèces endémiques uniques au monde, à l’image du Solitaire de Bourbon, à ne pas confondre avec le célèbre Dodo de Maurice, dont il est néanmoins proche.

Fait également notable pour une terre tropicale, l’île ne compte aucun animal dangereux (serpents, insectes ou gros prédateurs), en tout cas sur terre, et constituait donc à l’époque un véritable paradis pour la faune indigène, et bien sur pour les premiers arrivants qui découvrirent une faune abondante et peu farouche. La suite est prévisible, et l’arrivée de l’Homme a bouleversé cet écosystème, que ce soit par la disparition de certaines espèces endémiques comme le Solitaire de Bourbon ou la tortue géante de Bourbon présentes sur l’île, mais aussi par l’introduction de nombreuses espèces exotiques, parfois nuisibles aux espèces indigènes et endémiques.

La faune remarquable de La Réunion

Aujourd’hui, la faune de la Réunion est à deux visages : la faune endémique, de petite taille, cachée, et malheureusement souvent menacée, et la faune importée, innombrable, visible, et parfois nuisible aux espèces endémiques, à l’image du rat ou du chat sauvage.

La faune la plus remarquable à La Réunion et qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux et des insectes. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue ou de l’endormi.

Les oiseaux de La Réunion

Les principaux oiseaux endémiques de La Réunion (liste non exhaustive) :

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Pétrel de Barau : oiseau endémique rarissime de l’île de la Réunion, le Pétrel de Barau ou Taille-Vent (Pterodroma baraui) est un oiseau de mer qui niche en très haute altitude, notamment sur les contreforts du Piton des Neiges ou du Grand Bénare. Cet espèce protégée et classée en danger d’extinction est en effet très sensible à la pollution lumineuse, et les colonies de nidification subissent une mortalité importante causée par les chats et les rats. Leur population est estimée entre 2000 et 4000 couples.

Papangue

Papangue : seul rapace et endémique de l’île, la Papangue ou Buse de Maillard (Circus maillerai), oiseau emblématique à la Réunion, est un des rapaces les plus rares du monde. Il est présent sur toute l’île où il évolue jusqu’à 2200 m d’altitude, et la majorité des couples nichent au sol en dessous de 800 m d’altitude. Cette espèce protégée est classée en danger d’extinction, principalement à cause de l’urbanisation et de ses conséquences ou au braconnage. Leur population est estimée entre 400 et 600 individus, dont 150 couples environ. Carnivore, il se nourrit de petits oiseaux, de mammifères, d’insectes et de reptiles.

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Tuit-Tuit : oiseau forestier endémique de La Réunion, le Tuit-Tuit (Coracina newtoni) est un des oiseaux les plus rares au monde. Il fait partie de la famille des passereaux et il est sur la liste rouge des espèces menacées, principalement par les chats sauvages et les rats. On le trouve exclusivement dans les massifs forestiers de la Plaine d’Affouches et de la Plaine des Chicots dans la réserve naturelle de la Roche Ecrite. Leur population est estimée à 80 couples environ. Le tuit-tuit est très discret, ce qui rend son observation difficile. Son chant est composé de « tuit » répétés.

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Tec-Tec : oiseau forestier endémique commun de l’île, le Tec-Tec ou Tarier de la Réunion (Saxicola tectes) à la différence du Tuit-Tuit n’est pas farouche et se laisse approcher assez facilement, même s’il reste protégé. Il évolue dans les clairières forestières et les milieux ouverts, entre 300  et 2500 m d’altitude, jusqu’à la limite haute de végétation. Le Tec-Tec vit en solitaire, et on peut l’observer perché au sommet d’un buisson ou d’un rocher pour guetter les insectes qu’il capture en vol ou au sol. Il lui arrive d’accompagner les randonneurs sur les sentiers.

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Zoizo la Vierge : oiseau forestier de la famille des passereaux, l’Oiseau la Vierge ou Zoizo la Vierge (Terpsiphone bourbonnensis) est un endémique protégé de la Réunion qu’on trouve dans les forêts primaires et le fond des ravines de l’île. Il vit presque toujours en couple, mais il est territorial et asocial, et agresse tout intrus qui pénètre sur son territoire. Il est néanmoins peu farouche et suit parfois le randonneur. Il est reconnaissable à sa longue queue et à ses teintes contrastées roux, gris et noir bleuté.

zoizo-vertZoizo Vert : petit oiseau forestier de la famille des passereaux, l’Oiseau Vert ou Zoizo Vert (Zosterops olivaceus) est un endémique protégé de la Réunion facilement reconnaissable à sa couleur vert olive à ses « lunettes » blanches. Il se rencontre dans les forêts denses de 500 à 2400 mètres. Il est très actif et bruyant et semble ne pas tenir en place, et il assez agressif envers ses congénères. Sa Population est estimée à 150 000 individus environ. Nectarivore, il ne refuse tout de même pas fruits et insectes.

zoizo-blancZoizo Blanc : l’Oiseau Blanc ou Zoizo Blanc (Zosterops borbonicus borbonicus) est l’oiseau endémique le plus commun à la Réunion même s’il reste protégé, sa population étant estimée à 500 000 individus environ. C’est l’un des plus petits passereaux de l’île, reconnaissable à son croupion blanc et parfois son plumage aussi en fonction des régions. Il est présent partout, sauf au volcan, et se déplace en général en bande. Il est peu farouche et se nourrit d’insectes, de fruits et de baies.

merle-pays-1Merle Pays : cet oiseau endémique (Hypsipetes borbonicus) de La Réunion fait également partie de la famille des passereaux. On le rencontre dans toutes les forêts de 300 à 2000 mètres d’altitude. Il est peu farouche mais souvent perché en haut des arbres, donc assez difficile à observer. Il est plutôt solitaire ou en petit groupe et il se nourrit essentiellement d’insectes. Sa population est estimé à 40 000 individus.

D’autres espèces sont endémiques des Mascareignes comme l’Hirondelle de Bourbon ou la Salangane. De très nombreux autres oiseaux exotiques vivent ou passent à La Réunion, ceux qui ont été importés par les Hommes au fil du temps, mais aussi des migrateurs ou des oiseaux marins. Certains sont devenus nuisibles à l’image du Merle de Maurice.

paille-en-queuePaille-en-Queue : (Phaethon lepturws) cet oiseau est l’oiseau emblématique des tropiques et un symbole à La Réunion. Il est très facilement reconnaissable avec ses deux longues rectrices blanches, et facilement observable sur le littoral. Il niche dans les anfractuosités des falaises ou des arbres, et se nourrit en mer de petits poissons, de calamars ou de crustacés. Une autre espèce le Paille-en-Queue à brins rouges a fait son retour sur l’île sur la côte Sud-Ouest. Il se différencie du Paille-en-Queue par ses rectrices et son bec rouge.

bellierBellier : cet oiseau de la famille des passereaux connu sous le nom de Tisserin gendarme et originaire d’Afrique du Sud est nommé Bellier à La Réunion. Il est présent sur toute l’île, sur le littoral et dans les savanes et il ne monte que rarement en altitude. Les sites de nidification sont remarquables et bruyant par la quantité de nids, qui sont tissés en boule suspendue à l’extrémité d’une branche avec l’entrée tête en bas. C’est un oiseau anthropophile et grégaire. Il se nourrit de graines ou de fruits mais aussi d’insectes.

foudi-de-madagascarCardinal : l’espèce présente à La Réunion, le Foudi de Madagascar, dont il est originaire, est un oiseau au magnifique plumage rouge vermillon. Il est aujourd’hui commun et fréquent à La Réunion où on le trouve jusqu’à 2000 mètres d’altitude. Son comportement grégaire, pacifique et discret se transforme à la saison des amours où il devient visible, démonstratif et agressif. Il se nourrit de graines, d’insectes, d’araignées et de nectar.

merle-mauriceMerle Maurice : Malgré la beauté de son plumage et de son chant mélodieux, le Merle de Maurice, aussi appelé Bulbul, est un oiseau très prolifique originaire d’Inde qui constitue aujourd’hui une espèce invasive à La Réunion. Introduit au début des années 70, il a depuis largement colonisé toute l’île, menaçant du même coup les espèces d’oiseaux et les insectes indigènes et endémiques, notamment en détruisant les couvées. Il est aussi responsable de dommages dans les vergers.

La liste pourrait être encore longue, citons notamment Hirondelle, Quéléa, Bec-Rose, Coutil, Veuve Dominicaine, Moineau, Martin, Tourterelle pays, Tourterelle malgache, Caille pays, Francolin, Butor, Poule d’eau, Faucon concolore, Fouquet gris, Ti Fouquet, Makwa…

Les mammifères de La Réunion

La Réunion compte assez peu de mammifère, et une seule espèce endémique.

ti-molosseMicrochiroptères : La Réunion ne compte pas de mammifère remarquable, à l’exception des microchiroptères, c’est à dire des micro-chauve-souris, dont elle compterait 4 espèces mais seulement 2 sont identifiées à ce jour : Le Taphien de Maurice qui se trouve également à Madagascar et à Maurice, et la chauve-souris Ti-molosse, unique mammifère endémique de l’île, qui constitue une espèce commune dont on compte quelques centaines de millions d’individus. Elle possède un large éventail d’habitat. On trouve également à la Réunion la Roussette Noire, mais dont on estime la population à moins d’une quinzaine d’individus. Ces espèces sont évidemment protégées.

tangueTangue : ce petit mammifère emblématique à La Réunion est souvent assimilé à tort au hérisson car son corps est recouvert de piquant bien qu’il en soit assez éloigné. Originaire de Madagascar, le tangue a été importé à des fins alimentaires. Nocturne, il se cache la journée dans son terrier, et il hiberne durant l’hiver austral. Il est omnivore et se nourrit d’insectes, de vers de terre, de fruits… Il possède un museau pointu qui lui permet de fouiller le sol pour se nourrir. Le tangue est chassé durant la saison et apprécié des réunionnais en cari ou en civet. Son allure sympathique lui a souvent valu d’être adopté comme mascotte, comme pour les derniers jeux des iles de l’océan Indien.

On trouve également à la Réunion souris grise, surmulot, musaraigne musquée, lièvres ou encore quelques cerfs de Java à l’état sauvage.

Les insectes de La Réunion

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Même si la population d’insectes et le nombre d’espèces connues à La Réunion n’est pas très importante, cette faune est encore assez peu connue et les découvertes de nouvelles espèces se multiplient, et se caractérisent par un fort taux d’endémisme, un quart des papillons et la moitié des coléoptères ne vivent que dans l’île par exemple. On compte une dizaine de superbes papillons de jour endémiques de La Réunion, et un nombre encore mal connu de papillons de nuit. Il existe sans doute des dizaines d’espèces endémiques encore inconnues, notamment de coléoptères, mais les nouveaux venus sont malheureusement souvent néfastes (vert blanc, cafards, moustiques…). Il existe plusieurs espèces d’araignées, dont le célèbre « babouk » et les « bib » qui bien qu’impressionnantes sont totalement inoffensives.

Les reptiles de La Réunion

Le plus célèbre reptile endémique de la Réunion a disparu, c’était la Tortue terrestre. Il existe encore aujourd’hui quelques espèces endémiques remarquables, et d’autres espèces exotiques finalement souvent plus emblématiques. Mais n’ayez crainte : si vous avez la phobie, les reptiles de La Réunion ne vous causeront aucun problème, ils sont inoffensifs et sauront, pour la plupart se faire discrets. Enfin, si vous crosez le plus majestueux des reptiles à La Réunion, l’Endormi (ou le Camélon) ne le prenez pas en photo : cela risque de l’aveugler. 

gecko-vert-de-manapanyLézards : il existe 4 espèces de lézards connus à La Réunion, dont deux sont endémiques : le Lézard vert de Manapany et le Lézard vert des hauts. On les trouve exclusivement dans le Sud-Est sur des zones restreintes et ce sont des espèces protégées et en voie de disparition. Ils se nourrissent de petits insectes, d’araignées mais apprécient le nectar et la pulpe des fruits. Deux autres espèces exotiques originaires de Madagascar ont été introduites, le Lézard vert à poussière d’or et le Lézard vert malgache, constituent aujourd’hui des espèces invasives et des prédateurs redoutables pour les espèces endémiques.

endormicameleon-reunionCaméléon / Endormicélèbre et symbolique à La Réunion, ce fascinant reptile originaire de Madagascar a été introduit à La Réunion vers le 17ème siècle. Aujourd’hui protégé, il est assez commun et on le trouve dans les jardins, les parcs ou le long des sentiers de randonnées. Il possède des yeux indépendants, une queue préhensible, ses doigts forment une sorte de pince parfaitement adaptée pour saisir les branches, sa longue langue collante qu’il déploie lui sert d’instrument de chasse et il dispose enfin de son fameux don d’homochromie qui lui permet de changer de couleur de façon impressionnante, fruit d’un contrôle nerveux fondé sur l’analyse de l’environnement, et lui permet de se fondre parfaitement dans le décor. Prudence pour qui tente de le prendre, il pince fort.

Margouillat : emblématique et bien connu de tous les réunionnais, ce petit Gecko originaire de l’Asie du Sud-Est très répandu est anthropophile (maisons, jardins) et il se nourrit d’insectes, et notamment de moustiques. Il existe deux espèces principales à La Réunion.

reptile à la reunion

Agame : L’Agame des colons est un des reptiles à La Réunion considéré comme invasif. Ce lézard est originaire d’Afrique, Il aurait été introduit involontairement au Port en 1995, sans doute arrivé avec des bateaux en provenance d’Afrique. Orange et marron, ces reptiles à La Réunion menace les espèces animales locales et endémiques (oiseaux, invertébrés et autres réptiles de La Réunion) car il peut s’en nourrir. Il peut aussi entrer en compétition (pour la nourriture et l’espace) avec les geckos endémiques (ex : Gecko vert de Manapany).

Il existe enfin d’autres espèces de reptiles, deux espèces de petites couleuvres, la couleuvre-loup et le serpent aveugle, qui sont toutes deux parfaitement inoffensives.

En Savoir + : Les principaux oiseaux et reptiles terrestres de La Réunion (*pdf)

La faune marine et les poissons de La Réunion

poissons-de-la-reunionLes fonds marins à La Réunion descendent très vites en l’absence de socle continental et l’île est de plus située dans une des zones les plus profondes des océans de la planète. La Réunion compte des récifs et lagons sur son littoral Ouest et Sud, dans lesquels on trouve la faune très riche et les poissons des eaux tropicales chaudes. Sorti de ces espaces, ce sont les habitants du grand large et des grands fonds, eux aussi très nombreux : baleines, dauphins, requins, tortues…

En Savoir + : La faune marine et les poissons de La Réunion

Dans les rivières, le plus célèbre des poissons réunionnais est le « bichique » mais on trouve aussi quelques anguilles, loches, cabots ou tilapias. 

Le Bichique : les réunionnais sont prêts à payer une fortune pour ces alevins dont ils raffolent en carri notamment. Après avoir éclos en mer, les alevins se précipitent vers la rivière la plus proche où on les capturent avec des filets très fins et des nasses positionnées dans l’embouchure des rivières, appelé « canal bichique ».

Un patrimoine à préserver à tout prix

La faune remarquable de la Réunion a déjà suffisamment fait les frais de l’arrivée de l’Homme et de sa présence sur l’île. Les espèces endémiques présentes à La Réunion sont en grande majorité menacées d’extinction et en danger, même si elles font aujourd’hui l’objet de mesures de protection importantes. Certaines espèces sont devenues de véritables nuisibles pour la préservation de ces espèces, et nous avons tous notre responsabilité dans la préservation de ce patrimoine naturel unique. En premier lieu et surtout, ne jamais laisser de déchets, même biodégradables, après votre passage dans leurs espaces de vie, au risque d’attirer les rats et les chats, qui ne feront ensuite plus qu’une bouchée des oeufs de la dernière couvée.

Pour aller plus loin :