La Réunion compte de nombreux personnages qui se sont illustrés au cours de l’histoire de l’île dans différents domaines, de sa découverte à l’époque contemporaine. Certains d’entre eux ont laissés leurs traces bien au delà de La Réunion.
Sans être exhaustive, voici une liste des principaux personnages qui ont marqué l’histoire de l’île de La Réunion, et parfois au delà, des origines à nos jours.
Louis Payen (1640 – ?)
Il faut rendre à César ce qui est à César, c’est bien Louis Payen, originaire de la Marne, et présent depuis 1656 à Fort-Dauphin (Madagascar), qui le premier en 1663 débarqua volontairement dans la baie de Saint-Paul, avec un compagnon et 10 malgaches (dont 3 femmes), sur l’Isle de Bourbon dans l’intention de s’y installer et d’y vivre durablement, bien que quelques tentatives aient à priori eu lieu quelques années auparavant. Malgré des dissensions au sein du groupe, ils réussirent leur entreprise et développèrent notamment plusieurs cultures avec succès. En 1665, à l’arrivée sur Bourbon des vingt premiers colons français conduits par Étienne Regnault, Louis Payen regagne Madagascar puis repart définitivement pour la France en 1666 pour y finir sa vie en ermite. Les malgaches ont rejoint le groupe de Regnault et ont commencé avec eux le peuplement définitif de l’île, et c’est finalement cette date que l’histoire retiendra officiellement. Ces premiers habitants de l’île, et notamment les femmes malgaches, ont joué un rôle essentiel dans le peuplement de Bourbon et le métissage de la société réunionnaise.
Olivier Levasseur, dit « La Buse » (1689 – 1730)
Sans doute le plus célèbre des pirates français, dont certains cherchent encore le fabuleux trésor. La Buse, de son vrai nom Olivier Levasseur, est un forban qui a sévit dans l’océan Indien à partir de 1720. Bien que ses origines restent flous, on sait qu’il arrive sur l’île Bourbon en 1721 et qu’il commet alors plusieurs pillages de navires de la Compagnie des Indes et du Roi. Après une période couronnée de succès, il connaitra plusieurs déconvenues et finira par se réfugier à Madagascar, où il continuera à commettre encore certains méfaits. Il décida de rentrer sur l’île Bourbon en 1730 après avoir été amnistié quelques années auparavant, mais à son retour, La Buse sera jugé pour le pillage et l’incendie de plusieurs navires, et il sera pendu haut et court sur la place publique le 7 juillet 1730 à Saint-Paul. Sa tombe reconstituée est visible au cimetière marin de Saint-Paul, bien qu’on ne sache pas où repose son corps véritablement. La légende raconte que La Buse aurait caché un fabuleux trésor sur l’île de La Réunion, que certains cherchent encore.
Mahé de la Bourdonnais (1699 – 1753)
Bertrand François Mahé de La Bourdonnais, né à Saint-Malo le
François Mussard (1718 – 1784)
François Mussard, né en 1718 à Saint-Paul, est le plus connu des chasseurs d’esclaves à La Réunion. Le marronnage a connu au milieu du XIXè siècle un tel niveau d’intensité sur Bourbon qu’il a fini par représenter une menace pour les colons eux-mêmes. De nombreux esclaves ont en effet commencé à se rebeller et à s’enfuir dans l’intérieur et les hauts de l’île, poussant les colons à s’organiser militairement pour se défendre, mais aussi à pourchasser ces esclaves marrons en fuite, en accordant primes et récompenses aux chasseurs. A partir de 1744, François Mussard accompagné de ses hommes a pourchassé sans relâche avec célérité et détermination ces esclaves marrons dans tous les coins de l’île pour les capturer et le plus souvent les tuer sans sommation. Il fût largement récompensé par la Compagnie des Indes pour son efficacité. Mussard a laissé son nom à plusieurs endroits sur l’île, dont la caverne Mussard (à presque 2500 mètres d’altitude). Il meurt en 1784.
Evariste de Parny (1753 – 1814)
Évariste Désiré de Forges, vicomte de Parny, né en 1753 à Saint-Paul, inventeur de la poésie en prose, est un des premiers grands poètes de La Réunion, et qui a été très populaire en France au début du XIXè siècle. Il quitta son île natale dès l’âge de 9 ans pour parfaire son éducation à Rennes, et après s’être un temps engagé dans les ordres, il embrassera finalement la carrière militaire comme ses deux frères. Il rentre sur Bourbon en 1773 pour travailler sur l’exploitation familiale et tombe alors amoureux d’une jeune femme qui sera son élève, puis son amante. Il découvre alors sa passion pour la poésie et il écrira suite à cette liaison son oeuvre la plus connue : les Poésies érotiques. Evariste de Parny rentre en France en 1776, revient à Bourbon en 1783 pour la succession de son père, puis rentre définitivement en métropole en 1786. Après avoir été ruiné suite à la révolution française, il travaillera pour l’administration publique et continuera d’écrire jusqu’en 1810 et deviendra le 1er réunionnais membre de l’Académie Française en 1803. Il décède en 1814 et il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Madame Desbassayns (1755 – 1846)
Marie Anne Thérèse Ombline Desbassayns, née en 1755 à Saint-Paul, connue sous le nom de Madame Desbassayns, est un des personnages historiques les plus célèbres de la culture réunionnaise. Héritière, grande propriétaire terrienne et sans doute plus grande fortune de l’île à cette époque, Madame Desbassayns, après la mort de son mari en 1800, gérera son immense propriété dans l’Ouest de l’île, essentiellement consacrée à la culture du café puis surtout de la canne à sucre, avec rigueur et fermeté, où elle exploitera plus de 400 esclaves. Madame Desbassayns reste un personnage très controversé : louée de qualités par certains, elle reste ancrée dans la culture populaire comme une femme méchante et cruelle, particulièrement à l’égard de ses esclaves. Elle est d’ailleurs souvent associée à la légende Grand Mer Kal et à d’autres contes ou récits qui l’affublent de crimes abominables, en faisant aujourd’hui un véritable mythe réunionnais. Madame Desbassayns a sans aucun doute cristallisé sous son nom toutes les souffrances de l’esclavagisme à La Réunion, et plus récemment l’histoire mais aussi le malaise de cette période dans la société. Elle meurt en 1846 à l’âge de 90 ans, sans savoir que l’abolition de l’esclavage sera proclamée 2 ans plus tard.
Sarda Garriga (1808 – 1877)
Le nom de Sarda Garriga est célèbre à La Réunion et synonyme de liberté, car c’est lui qui en 1848 proclama l’abolition de l’esclavage à La Réunion. Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga, surnommé Sarda-Garriga est né en 1808 et a fait carrière dans l’administration des finances avant d’être nommé en 1848 Commissaire général de la République à La Réunion pour y mettre en application le décret de l’abolition de l’esclavage et en devenir le Gouverneur. Il arrive sur Bourbon en octobre et entreprend alors un tour de l’île afin de réussir à mettre en oeuvre cette décision dans le calme, ce qu’il réussira à faire malgré les demandes de report d’application du décret de certains colons. Il proclamera l’abolition de l’esclavage à La Réunion deux mois plus tard le 20 décembre 1848. Relevé de ces fonctions, il quitte La Réunion en 1850, et après avoir été envoyé en mission en Guyane et décoré de la légion d’honneur en 1852, il rentrera définitivement en France en 1853. Il décédera en 1877.
Hubert Delisle (1811 – 1881)
Louis Henri Hubert Delisle est le premier homme politique réunionnais à devenir Gouverneur de l’île, et il finira sa carrière comme Sénateur. Né le 1er janvier 1811 à Saint-Benoît, il quitte son île jeune pour poursuivre de brillantes études en France, où il entamera d’abord sa carrière dans le journalisme et la vie politique. Elu député à deux reprises en 1848 et 1849, il sera nommé au poste de Gouverneur de La Réunion en 1852, où un accueil triomphal lui sera réservé par la population. Hubert Delisle va alors entreprendre durant 5 ans une vaste politique de grands travaux et de modernisation de l’île. Il est notamment à l’origine de la création de tous les grands axes routiers que nous connaissons aujourd’hui, et de nombreux édifices publics et religieux. Il favorisera des vagues d’immigration de nouveaux engagés et entreprendra aussi un rapprochement avec l’île Maurice après la guerre avec les anglais. En 5 ans, Hubert Delisle va désenclaver l’île, la faire progresser dans les domaines économiques, sociaux et culturels, et la colonie vivra à cette époque un vrai âge d’or. En 1858, il rentre en métropole où il sera nommé Sénateur et Conseiller Général. Il décède le 8 décembre 1881 à Bordeaux et reste sans doute le Gouverneur le plus marquant de l’île La Réunion.
Leconte de Lisle (1818 – 1894)
Leconte de Lisle est le poète le plus célèbre de La Réunion, nommé académicien en remplacement de Victor Hugo. Né en 1818 à Saint-Paul, Charles Marie René Leconte de Lisle quitte La Réunion très jeune pour la Bretagne, puis s’installe définitivement à Paris en 1845 pour vivre sa passion pour l’écriture. Il réalisera entre temps deux séjours sur son île en 1832 et 1843, et qui influenceront son style littéraire. Poète parnassien, son oeuvre est dominée par l’écriture des Poèmes Barbares, des Poèmes Antiques, et des Poèmes Tragiques, tous ayant obtenu différents prix. Il vivra des périodes difficiles et ça n’est qu’à partir de 1855 à la sortie de sa deuxième oeuvre majeur que sa situation matériel s’améliorera. Après avoir été candidat battu à deux reprises à l’Académie Française (1873 et 1877), mais soutenu de façon ostentatoire par Victor Hugo, l’Académie considéra que ce dernier l’avait ainsi désigné pour lui succéder, et Leconte de Lisle fut élu académicien le 11 février 1886 à son fauteuil. L’empire lui assurera une pension à partir de 1870, qui continuera sous la troisième république, et il sera notamment élu Officier de la Légion d’honneur en 1883. Il mourut le
Edmond Albius (1829 – 1880)
Edmond Albius, né en 1829 à Saint-Suzanne, est celui qui a inventé le procédé pratique de pollinisation et donc de fécondation de la vanille, toujours utilisé aujourd’hui dans le monde entier. Orphelin et esclave noir, c’est lui qui en 1841 à l’âge de 12 ans, après avoir été initié à la botanique par son maître, découvrit le procédé permettant la pollinisation de la vanille, dont le processus de fécondation naturel est difficile, et ne permet pas d’en faire une culture rentable. Cette découverte révolutionna la culture de la vanille qui se développa alors de façon très importante sur l’île Bourbon, jusqu’à devenir un temps le premier producteur mondial à la fin du XIXè siècle. Son statut de noir et d’esclave le priveront du succès et des bénéfices liés à sa découverte, d’aucun lui contestant même la paternité de cette dernière, alors qu’elle a fait la fortune de certains planteurs. Edmond Albius est mort dans la misère en 1880, mais l’histoire lui a heureusement rendu la paternité de son immense découverte, que les producteurs de vanille utilisent toujours dans le monde entier.
Roland Garros (1888 – 1918)
Bien que son nom soit célèbre, les métropolitains connaissent souvent mal Roland Garros qui est plutôt associé au complexe et tournoi de tennis du même nom, mais les réunionnais connaissent bien et célèbrent leur plus grand héros et représentant : statuts, noms de rues, lycée et bien sur l’aéroport international portent son nom. Roland Eugène Adrien Georges Garros est né le 6 octobre 1888 à Saint-Denis. Il quitte l’île très jeune avec sa famille pour s’installer au Viêt Nam, puis part seul à l’âge de 11 ans pour étudier en métropole. Sportif accompli (football, cyclisme), il découvre très vite sa passion pour l’aviation. Dès 1910, il achète son premier avion et apprend à piloter plus ou moins seul. Il entreprend alors de nombreux défis et tentatives de record, et réussit notamment l’exploit de la première traversée aérienne de la Méditerranée le 23 septembre 1913. Roland Garros s’illustrera aussi pour son génie aéronautique, en mettant notamment au point le premier système permettant de tirer à travers les hélices d’un avion de chasse. Il s’engagera volontairement pour la guerre où il meurt dans un combat aérien en 1918 à Vouziers dans les Ardennes à l’âge de 29 ans. Des démarches sont en cours pour faire entrer Roland Garros au Panthéon.
Michel Debré (1912 – 1996)
Michel Debré, né à Paris en 1912, est un homme politique français, notamment 1er ministre de la Vème république entre 1959 et 1962, mais surtout pour l’histoire de l’île, député de La Réunion à six reprises entre 1963 et 1988. Dès son arrivée sur l’île, Michel Debré entreprit une vaste politique d’investissements et de développements sociaux-économiques, faisant réellement basculer La Réunion dans la départementalisation tant attendue depuis 1946, profitant notamment de sa dimension nationale pour faire « accélérer » les dossiers. La Réunion rattrape son retard sur la métropole dans tous les domaines et la pauvreté diminue. L’évolution démographique de l’île étant selon lui devenu un problème pour le développement de La Réunion, il organisera durant les années 60 la migration de réunionnais vers la métropole, depuis très controversé. Il sera aussi localement accusé d’avoir voulu étouffer la culture réunionnaise, et notamment le Maloya aux relents trop indépendantiste pour lui, bien qu’il contribua dans les faits à la mise en oeuvre de politiques de préservation du patrimoine réunionnais. Il occupera simultanément durant ces années d’autres postes de ministres, à la défense ou aux affaires étrangères. Il quitte son poste de député en 1988 après avoir été réélu une sixième fois en 1986, et sera élu académicien la même année. Il s’éteint le 2 août 1996 atteint de la maladie de Parkinson. Il reste avec Paul Vergès le personnage politique le plus marquant pour La Réunion depuis la départementalisation.
Paul Vergès (1925 – 2016)
Paul Vergès, né le