Crée en 2007, le Parc National de La Réunion couvre 42% de la surface de l’île, et a pour principaux objectifs la protection de la biodiversité et de l’endémisme de La Réunion, et la valorisation des hauts de l’île.

Dans un rapport datant de novembre 2017, l’IUCN constate une dégradation inquiétante et le place en état de « préoccupation importante ».

Historique et création du Parc National

Logo-parc-national-reunionLa prise de conscience de la valeur unique du patrimoine naturel de l’île de la Réunion, et donc la nécessité de le protéger, est finalement assez récente. Les premières réflexions ont débuté en 1985 dans le cadre du schéma d’aménagement régional et de la charte réunionnaise de l’environnement, pour aboutir à la demande de création du Parc National auprès du ministère de tutelle en l’an 2000. Après une phase de consultation préalable qui s’est déroulée sur la période 2001 – 2003 et intégrant tous les acteurs concernés, la phase de création du Parc National débute en 2004, afin notamment de préciser le territoire ou les missions du Parc National, et aboutit en août 2006 à une enquête publique qui conclut favorablement sur le projet.

Le 5 mars 2007, le  décret de création du Parc National de La Réunion est publié. Débute alors la phase d’installation (conseil d’administration, recrutement des équipes et implantations progressives sur le terrain, travaux d’élaboration de la première charte…) jusqu’en 2009, et aboutit en 2010 à la reconnaissance internationale avec l’inscription des « Pitons, cirques et remparts » de La Réunion, qui coïncident avec les limites du coeur du Parc, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Un territoire qui couvre presque la moitié de l’île

Carte-perimetre-parc-national-reunion

Le territoire du Parc National se décompose en deux zones : le « coeur protégé » du Parc National qui couvre 42% de la surface de l’île (105 447 ha) et dont les limites ont été fixées dans le cadre du décret initial de création, et l' »aire d’adhésion » évolutive (87 800 ha) qui est revue tous les 10 ans. Le coeur du Parc National forme un ensemble d’un seul tenant permettant ainsi une forte cohérence biologique et comprend notamment les anciennes réserves naturelles de Mare Longue et de la Roche Ecrite.

Le « coeur habité » comprend les zones des îlets de Mafate et celui des Salazes (col du Taïbit, cirque de Cilaos), tandis que le « coeur cultivé » comprend des zones d’élevage (Piton de l’Eau), de cultures vivrières et de géranium (Sans-Souci), de forêts cultivées et des friches de théiers (Plaine-des-Palmistes) qui ont été maintenues au coeur du Parc. Il existe également des zones à enjeux particuliers au sein du coeur du Parc National : enjeux biologiques liés à la conservation d’espèces ou habitats menacés.

Carte des enjeux du Parc National de La Réunion

90% de la surface du coeur du Parc National de la Réunion est composé de propriétés publiques appartenant au Département, à l’Etat, à la Région, au Conservatoire du Littoral et à diverses communes. Il contient également environ 10 850 ha de propriétés privées réparties entre environ 725 propriétaires.

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Des missions de préservation et de développement

La mission principale du Parc National est de protéger la biodiversité, La Réunion faisant partie des 34 « points chauds » identifiés sur la planète, et aussi surtout l’endémisme remarquable de l’île. Le cœur du parc national abrite 94 % de la biodiversité de l’île, soit plus des 4/5 de celle des Mascareignes. A titre de comparaison, le nombre d’espèces endémiques par unité de surface est trois fois plus élevé à La Réunion qu’à Hawaii et cinq fois plus qu’aux îles Galápagos.

Flore : environ 1 600 espèces indigènes recensées sur toute l’île, dont 600 plantes à graines, 240 fougères et plantes alliées et 756 bryophytes.
Faune : 43 vertébrés, dont 13 endémiques, et au moins 2 000 espèces d’invertébrés avec un taux d’endémisme important (40% pour certains groupes).

Le Parc National a également pour objectif de valoriser le patrimoine et contribuer au développement des hauts de l’île, mais intègre également un objectif important en matière d’informations et de sensibilisation aux richesses uniques de La Réunion, et à la nécessité de les protéger pour les générations futures.

La Charte du Parc National

La Charte du Parc National de la Réunion porte un projet ambitieux pour le territoire des Hauts. Elle définit les objectifs de protection et de valorisation pour le cœur et les orientations de développement durable pour l’aire ouverte à l’adhésion. Elle vaut également plan de gestion du bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. La Charte s’articule autour de 4 enjeux majeurs :

• Préserver la diversité des paysages et accompagner leurs évolutions
• Inverser la tendance à la perte de biodiversité
• Valoriser le patrimoine culturel des Hauts et assurer la transmission de ses valeurs
• Impulser une dynamique de développement économique pour les Hauts

Et un enjeu transversal : Education – sensibilisation – communication. Ces enjeux se déclinent de façon différenciée et complémentaire pour le cœur et pour l’aire ouverte d’adhésion, et en fonction des vocations des territoires identifiées.

Carte des vocations du Parc National de La Réunion

logo-esprit-parc-national-reunionLa marque « Esprit Parc National » créée en 2015 et adoptée par tous les parcs nationaux français vise à soutenir les activités économiques, touristiques et agricoles de ces territoires, en s’inscrivant dans le respect et la valorisation des patrimoines locaux des Parcs nationaux. La marque Esprit Parc National est le garant des bonnes pratiques des producteurs et prestataires bénéficiaires, engagés dans la préservation et la promotion de leur territoire. Elle garantie un mode de production responsable et écologique, une origine locale et l’authenticité des produits proposés.

Les valeurs principales véhiculées par la marque Esprit Parc National sont :

  • L’engagement : pour la préservation de la biodiversité
  • L’authenticité : des traditions et des savoir-faire locaux
  • Le respect : de la nature exceptionnelle, du patrimoine culturel, des acteurs locaux et des populations
  • Le partage : autour d’une marque commune à tous les Parcs nationaux de France
  • La vitalité :  d’un état d’esprit positif, porteur de dynamisme et d’ouverture

Le Parc National de La Réunion est en danger

En 2017, au moment où le Parc National fête ses 10 ans, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) publie en novembre son grand rapport et classe le « Bien » de La Réunion dans la catégorie des sites suscitant une « préoccupation importante » et « en dégradation ». Le Parc était classé dans un « bon état avec quelques préoccupations » en 2014.

Classement-IUCN-Réunion-2017

Le rapport de l’IUCN relève que malgré les efforts du gestionnaire (Parc National), les menaces des espèces exotiques envahissantes ont continué de s’accroitre, pointant « l’ampleur de la vague d’invasion, l’insuffisance des moyens alloués et les besoins de renforcement de la gouvernance et de la coordination de la lutte contre les espèces invasives ». Le rapport précise également que « les incendies de 2010 et 2011 ont localement causé une détérioration conséquente des valeurs du Bien ».

Les espèces exotiques envahissantes ont été identifiées comme la plus grande menace actuelle pour le bien par l’IUCN, à laquelle s’ajoute d’autres menaces plus localisées comme « le braconnage des palmiers et des orchidées, le bétail divaguant et l’accroissement des déchets qui non seulement gâchent la valeur du paysage du Bien, mais augmentent les populations de rats qui, à leur tour, déciment certaines populations critiques de certaines espèces en voie de disparition » ou à terme « le changement climatique ». Enfin, « l’augmentation de la population en périphérie du Bien et du tourisme entraîne une pression générale croissante sur le Bien ». Le rapport conclue que « la protection et la gestion à long terme seront améliorées une fois que les problèmes de gouvernance liés aux responsabilités de gestion seront entièrement résolus ».

Triste constat, qui, sans réaction et amélioration rapide de la situation, conduira sans aucun doute La Réunion à perdre son inscription sur la liste des 228 sites du Patrimoine mondial de l’Unesco.

Pour aller plus loin :