Même si La Réunion est encore aujourd’hui « pétrodépendante » et importe une part importante de son énergie, l’île dispose de formidables ressources d’énergies renouvelables qui lui permettraient d’atteindre à terme l’autosuffisance énergétique.

 

Etat des lieux et enjeux énergétiques à La Réunion

L’île de La Réunion vit sous le régime d’une économie carbonée « pétrodépendante », et importe par conséquent des énergies fossiles (produit pétrolier, charbon, gaz butane) pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l’île. Les produits pétroliers représentent 69% des produits fossiles importés, le charbon 29% et le gaz butane 2%. L’ensemble de ces hydrocarbures, importés par voie maritime, arrivent sur le seul site du Grand Port, ce qui en fait un lieu hautement stratégique pour l’île. Avec un taux de dépendance énergétique de 87 % en 2017, la situation reste globalement stable par rapport aux années précédentes et peine à s’infléchir.

Chiffres clés sur l’énergie à La Réunion en 2017

  • Consommation d’énergie primaire : 1 460,7 Ktep, dont 13% de ressources locales
  • Taux de dépendance énergétique : 87 %
  • Production d’électricité : 256,7 Ktep, dont 32,4% d’EnR
  • Consommation d’électricité : 2 746 GWh
    • Dont consommation domestique : 1 240 GWh, soit en moyenne 1,44 MWh/an par habitant

Source : Energies Réunion – BER 2018

La Réunion vise pourtant à terme l’autonomie énergétique, possible par la conjugaison des axes : maîtrise de la demande en énergie, appropriation et volonté collective, lutte contre la précarité énergétique, développement des énergies renouvelables (hydroélectricité, photovoltaïque, éolien, mais surtout biomasse : bagasse, canne fibre, bois énergie, déchets verts, effluents, etc.) et des moyens de stockage. Des scénarii ont ainsi été étudiés et modélisés (tendanciel, volontariste), et servent de base technique à la prospective du mix énergétique à La Réunion sur les 20 prochaines années (rapport PETREL).

Schéma énergétique de La Réunion

Schéma-énergétique-Réunion-2017

En 2017, la consommation totale d’énergie finale (utilisateurs finaux hors secteur énergétique) s’élève à 1 040,9 Ktep, en augmentation de 4% par rapport à 2016, répartit de la manière suivante : électricité 236,1 Ktep, carburants pour les transports 658,8 ktep, chaleur 69,6 ktep, gazole non routier (pour l’agriculture et l’industrie) et gaz butane 76,5 ktep.

L’électricité à La Réunion

L’île de La Réunion ne bénéficie pas d’interconnexion au réseau électrique continental (ZNI : Zone Non Interconnectée). Il faut donc produire sur place l’électricité consommée en tenant compte de la croissance des besoins en énergie (démographie, augmentation des usages) et de l’arrivée massive dans les systèmes électriques d’énergies renouvelables intermittentes (éolien, photovoltaïque) non programmables, et dont une part trop importante peut présenter des risques de déstabilisation du réseau. Il s’agit donc de réussir à maintenir un équilibre permanent entre l’offre et la demande en électricité. La Réunion et EDF développe ainsi des réseaux électriques intelligents (« smart grids »), rendus plus performants grâce notamment à l’informatique et aux NTIC.

Mix énergétique de la production électrique à La Réunion

Mix-production-électrique-Réunion-2017

En 2017, la production électrique à La Réunion provient à 67,6 % des énergies primaires fossiles (pétrole et charbon) et à 32,4 % des énergies renouvelables, en baisse par rapport à 2016. La production électrique livrée sur le réseau est de 2 985,2 GWh soit 256,7 ktep, en hausse par rapport à 2016.

Carte et sites de production en électricité à La Réunion

La puissance nominale mise à disposition sur le réseau au 31 décembre 2017 est de 843,9 MW.

  • Fioul / Gazole
    • Centrale du Port Est (moteur diesel) : 80 MW
    • Centrale du Port (TAC) : 211 MW
  • Charbon / Bagasse
    • Centrale thermique de Bois Rouge : 100 MW
    • Centrale thermique du Gol : 110 MW
  • Hydraulique
    • Rivière de l’Est : 79,2 MW
    • Takamaka I : 17,4 MW
    • Takamaka II : 26 MW
    • Langevin : 3,6 MW
    • Bras de la Plaine : 4,6 MW
    • Bras des Lianes : 2,2 MW
    • Picocentrale RT4 : 0,2 MW
  • Autres
    • Centrale éolienne Sainte-Suzanne : 10,2 MW
    • Centrale éolienne Sainte-Rose : 6,3 MW
    • Centrale biogaz de Pierrefonds : 2,1 MW
    • Centrale biogaz du Grand Prado : 0,4 MW
    • Systèmes photovoltaïques : 187,8 MW
    • Batterie NaS Bras des Chevrettes : 1 MW

Carte-site-production-électricité-Réunion-2017

Evolution de la production électrique par type d’énergie à La Réunion

Evolution-prodcution-electrique-Réunion

Les énergies renouvelables à La Réunion

Les sources d’énergie renouvelable (EnR) sont les énergies éolienne, solaire, géothermique, houlomotrice, marémotrice et hydraulique ainsi que l’énergie issue de la biomasse, du gaz de décharge, du gaz de stations d’épuration d’eaux usées et du biogaz.

En 2017, 32,4% de l’électricité produite à la Réunion a été générée à partir d’énergies renouvelables en légère baisse par rapport à 2016. La part des EnR est fortement liée aux productions annuelles à partir de l’hydraulique, du photovoltaïque et de la bagasse qui varient en fonction de la météorologie (pluviométrie et ensoleillement).

Zoom sur la bagasse et l’usine de Bois Rouge

La Bagasse est un résidu (fibre) de la canne à sucre qui fait partie de ce que l’on appelle la biomasse. Lorsque la canne est broyée, il en ressort 70% de jus (qui par différents traitements formeront les sucres et les rhums) et 30% de fibres : la bagasse. Cette bagasse est incinérée dans des chaudières (à 1300 – 1400 °C) et permet le passage de l’eau liquide à l’état de vapeur (vaporisation), qui va elle-même alimenter un turbo alternateur (turbine), et produire de l’électricité. Le processus est dans le détail un peu plus complexe. L’usine de Bois Rouge absorbe l’intégralité de la bagasse issue du traitement de la canne et alimente en vapeur l’usine sucrière, en échange de quoi la sucrerie fournit à l’usine électrique la bagasse (deux entreprises distinctes). La fluctuation d’une année à une autre de la part de la bagasse dans la production électrique dépend essentiellement de la qualité de la campagne sucrière qui s’étale de juin à décembre.

L’usine de Bois-Rouge sur la commune de Sainte-André est une des toutes premières de La Réunion puisqu’elle a été créée en 1817. Au fil des décennies, elle a évolué jusqu’à être aujourd’hui l’un des deux pôles industriels majeurs de l’île, en assurant le traitement de l’ensemble des cannes récoltées sur la côte Est de Saint-Denis à Sainte-Rose, ce qui représente environ 1 000 000 de tonnes de cannes par campagne et 100 000 tonnes de sucres produits (sucre roux et blanc raffinés, sucres spéciaux). En 1991, l’usine s’est équipée d’une solution originale de centrale thermique mixte bi-combustible (bagasse/charbon) et bi-énergie (électricité/vapeur) permettant notamment de valoriser la bagasse et de produire de l’électricité. Sa puissance de production est de 100 MW. Avec la deuxième usine sucrière du Gol dans le Sud, qui dispose du même dispositif, la puissance de production issus du traitement de la bagasse est de 210 MW, ce qui représente l’alimentation en électricité de presque 1 foyer sur 10 à La Réunion. Visites de l’usine sucrière de Bois-Rouge à Saint André : 0262 58 59 74

En Savoir + : La filière Canne-Sucre à La Réunion

Energies Réunion : La SPL Énergies Réunion a été créée en juillet 2013. Son rôle est accompagner les collectivités locales actionnaires dans le développement de projets concrets aux enjeux énergétiques mais aussi d’offrir des informations au grand public sur les questions énergétiques à La Réunion. Ses missions consistent notamment à produire des bilans et des indicateurs fiables en matière de connaissance et d’observation et à structurer les actions de ces actionnaires à travers une aide à la décision.

Sources : Energies Réunion (BER 2018), EDF Réunion

Pour aller plus loin :