Depuis la départementalisation en 1946, l’économie de La Réunion s’est considérablement transformée pour passer d’une colonie agricole à une région moderne qui possède aujourd’hui un tissu économique dynamique et varié, et tous les attributs d’une société de consommation. Elle accuse pourtant un taux de chômage élevé et une situation sociale « hors norme ». Après une année 2018 mouvementée, 2019 se clôturait avec les voyants au verts. En 2020, l’épidémie de Coronavirus provoque une crise économique sans précédent à La Réunion.

Sommaire

1946 – 2016 : 70 ans de mutations économiques

Le développement économique et la modernisation de l’île n’ont véritablement débutés qu’après la seconde guerre mondiale et la départementalisation en 1946. Longtemps axée principalement sur la filière agricole de la canne à sucre, La Réunion a connu une rapide évolution de son économie depuis les années 60, notamment grâce à l’instauration d’un système complet de sécurité sociale en 1955 qui a permis d’améliorer les conditions de vie des réunionnais.

La mise en place d’équipements publics et de services administratifs dans les années 70 génère de nombreux emplois et permet d’augmenter les revenus et la consommation, même si les écarts avec la métropole restent très importants. L’économie se transforme peu à peu et le secteur tertiaire prend progressivement la place de l’agriculture. 

La Réunion passe d’un monde agricole à une société de services, et les réunionnais basculent dans l’ère de la consommation de masse.

evolution-secteur-activite-reunionA partir des années 80, l’économie continue de progresser dans les domaines des services non marchands, notamment grâce à l’enseignement, mais aussi des services marchands, du commerce et du tourisme qui se développent. Les années 90 confirment cette forte accélération de la croissance économique : l’emploi, les revenus, le pouvoir d’achat et la consommation progressent rapidement et rattrapent peu à peu les standards nationaux, sauf en matière de chômage. Cette décennie voit également l’alignement des prestations sociales sur la métropole contribuant à cette croissance. 

Entre 1993 et 2007, La Réunion est la région française qui a connu la plus forte croissance (5% par an en moyenne), et les secteurs des services et du tourisme représentent la plus grande part des entreprises et des emplois créés. La construction et l’immobilier ont également connu un essor très important, notamment grâce à l’appui de dispositifs de defiscalisation attrayants.

La crise internationale de 2007 s’est aussi propagée à La Réunion et l’économie a connu depuis 2008 un ralentissement dont elle a peiné à se remettre, croissance et emploi ont progressé beaucoup moins rapidement malgré le soutien des politiques publiques. Depuis 2014, la croissance économique rebondit et renoue avec les niveaux d’avant-crise, soutenu par un environnement favorable (inflation et taux d’intérêt très bas) propice à la consommation et aux investissements, et aux conséquences perceptibles du chantier de la Nouvelle Route du Littoral. Le chômage baisse pour la première fois de façon significative en 2015 et 2016 même s’il reste à un niveau élevé.

La Réunion présente aujourd’hui les caractéristiques d’une économie moderne, dont les services constituent la principale source de création de richesse. La tertiarisation de l’économie réunionnaise se poursuit et l’ensemble des services représentent 85% de la création de richesse sur l’île. La Réunion se distingue particulièrement, comme les autres DOM, par l’hypertrophie des services administrés (administration publique, éducation, santé et action sociale) qui contribuent ainsi pour plus de 37% à la richesse de l’île, contre 22,5% en France métropolitaine. Pourtant, malgré son développement et son rattrapage, l’économie réunionnaise reste fragile et dépendante des finances publiques et des fonds européens.

Principaux indicateurs économiques 2018

En dix ans, le PIB de La Réunion a progressé de plus de 42%. Principal moteur de la croissance, la consommation finale s’est accrue de 3,4% par an en moyenne sur ces dix dernières années. Le bilan de l’année 2018 est cependant contrasté avec une hausse du chômage et une consommation qui s’affaiblie.

IndicateurAnnée 2018
PIB18,53 Mrd €
Taux de croissance du PIB+1,7 %
PIB par habitant22 200 €
Taux d’inflation+1,8 %
Population active340 000
Nombre d’emplois289 145
Taux de chômage (au sens du BIT)24 %
Taux de pauvreté40 %

Source : Iedom – INSEE

Bilan économique mitigé de l’année 2018 : les conséquences des mouvements sociaux « Gilets Jaunes » à La Réunion.

En 2018, sur la majeure partie de l’année, la croissance à La Réunion résiste et le PIB progresse de 1,7 % en volume. Une forte baisse comparativement à 2016 ( + 3,1 %). Les raisons sont doubles : la baisse des contrats aidées, les blocages routiers de fin d’année liés au Gilets Jaunes. La consommation des ménages progresse faiblement (+1,1%) et les dépenses des administrations publiques et l’investissement ralentissent. En 2018, le trafic aérien à La Réunion continue de progresser (+7,5%) avec cependant un ralentissement en raison des mouvements sociaux mais on observe cependant une baisse de la fréquentation dans les hôtels réunionnais (-1%). Heureusement, les dépenses des touristes à La Réunion augmentent. 

Bonne nouvelle également : le revenu disponible brut des ménages à La Réunion augmente de + 2,6% (hausse des salaires et des prestations sociales). Malheureusement, en raison d’une hausse de l’inflation (+1,8% contre 0,4% en 2017), le pouvoir d’achat n’augmente que très peu, 0,7%. 

Enfin, et c’est un chiffre important, l’emploi salarié à La Réunion diminue. Une première depuis 2012 (-3 400 emplois, soit – 1,3%). La baisse des contrats aidés est une cause majeure mais, à nouveau, le mouvement des Gilets Jaunes a eu un impact important pour les secteurs d’activités marchands qui ont connu une fin d’année 2018 très difficile.

La situation de l’emploi se dégrade à La Réunion : le taux d’emploi baisse de 2 points, le taux de chômage s’établit à 24% (spot + 2% depuis 2016) et on compte ainsi 149 000 personnes sans emploi dont 83 000 chômeurs au sens du Bureau International du Travail.

Bilan économique de La Réunion en 2019 : Les voyants sont au vert au 4ème trimestre d’après l’INSEE.

Le 9 avril 2020, l’iNSEE Réunion publiait sa note de conjoncture pour le 4ème trimestre 2019. Une étude positive pour le territoire réunionnais avec notamment la progression de l’emploi salarié (+0,9%  sur le 4e trimestre 2019)l’augmentation de la création d’entreprise (+ 4%) mais également une hausse de la fréquentation des hôtels (+4% comparativement au 4ème trimestre 2018) et concerne surtout le Sud de l’île et les hôtels non classés et haut de gamme. Cette hausse de la fréquentations des hôtels à La Réunion est sans surprise : le taux d’occupation 2018 avait notamment pâti des mouvements sociaux de la fin de l’année 2018. 

Enfin, rappelons également que l’inflation était plus faible en 2019 à La Réunion qu’en métropole. Les prix à la consommation ont ainsi augmenté de 0,4 % en 2019 (contre1,1% en métropole en 2019). Elle était de 1,8 % en 2018.

Coronavirus et impact sur l’économie de La Réunion en 2020 : une première étude alarmante. 

Coronavirus Reunion ARS 974Comme l’intégralité du territoire national, voire du monde, l’île de La Réunion a également vu son économie territoriale fortement impactée par l’épidémie de Coronavirus et les mesures de confinement mises en œuvre. 

Ainsi, selon l’étude du CREOM, la baisse d’activité s’établit à 28% pour La Réunion. Celle-ci est légèrement inférieur à la moyenne nationale qui est de -33%. Cette différence s’explique par la structuration de l’économie de La Réunion qui possède une part plus importante au secteur public.

Les secteurs de l’économie à La Réunion les plus touchés par le COVID-19 sont, sans surprise, le commerce (-60%) et la construction (contribue à hauteur de 5 points sur les 28% du territoire) avecune baisse de 80% de l’activité. De même l’étude souligne un point intéressant : la baisse de la consommation électrique (jusqu’à – 20% en journée) témoigne justement de ce ralentissement sans précédent de la vie économique réunionnaise. 

En revanche, des secteurs fortement impactés comme l’hébergement et la restauration ne représentant que 2% du PIB (contre 11% pour le commerce) et n’ont du coup eu qu’un moindre impact à l’échelle économique globale de l’île. 

Enfin, en 2020, les secteurs agricoles et l’industrie agroalimentaire sont, comme les services non marchants (services publics) parmi les moins affectés par le confinement comparativement aux autres secteurs. Le développement de circuit court notamment et la hausse de la consommation a permis de réduire l’impact de la crise sur ces secteurs.

Ainsi, après une année 2018 compliquée du point de vue de l’emploi et de la croissance sur l’île en raison des mouvements sociaux et si 2019 se clôturait sur une bonne dynamique, cette conjoncture positive a brutalement été stoppée à La Réunion à cause de l’épidémie de coronavirus

En Savoir + :

L’économie à La Réunion : caractéristiques et décomposition des secteurs.

L’économie a La Réunion présente les caractéristiques d’une économie moderne, dont les services constituent la principale source de création de richesse. La tertiarisation de l’économie réunionnaise se poursuit et l’ensemble des services (services marchands, services non marchands et commerce) représente 87 % de la valeur ajoutée (VA) de La Réunion. Ce secteur se distingue particulièrement par l’hypertrophie des services administrés (administration publique et éducation, santé et action sociale). Les services non marchands contribuent ainsi pour 35,9 % à la richesse de l’île, contre 22,8 % en France métropolitaine. Autre particularité de son économie, le poids de l’industrie (y compris l’énergie) est deux fois moins élevé que celui observé à France métropolitaine (6,6 % de la VA totale à La Réunion contre 14,0 % en métropole). À l’inverse, le poids de l’agriculture et de la construction sont respectivement proches des niveaux métropolitains.

La décomposition par secteurs de l’économie à La Réunion montre une prédominance des services. Ainsi, les services marchands (qui comprennent notamment l’économie numérique, les transports, le tourisme, les services la personne et aux entreprises) créent 39,0 % de la richesse de l’île. Enfin, les services non marchands (santé, éducation, action sociale) représentent 35,9 % de cette valeur ajoutée (un poids supérieur à la moyenne nationale). Les autres secteurs contribuent à la création de création de valeur à hauteur de : 12,1 % pour le commerce, 5,4 % pour le BTP, 4,4 % pour l’industrie, 2,5% pour l’énergie et 1,5 % pour l’agriculture et la pêche (1,5 %). Les services non marchands regroupent 43,5 % des effectifs salariés totaux en 2016, les services marchands 31,6 % et le commerce 13,0 %. Le tissu économique réunionnais est composé de 60 846 entreprises en 2016 dont 54,4 % drainés par les services marchands. Le commerce occupe la 2e place avec 20,2 % du total. 6 084 entreprises ont été créées en 2016, dont 57,7 % dans les services marchands et 24,3 % dans le commerce.

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Carte économique de La Réunion

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Les secteurs d’activité et l’emploi en 2019 à La Réunion

L’économie réunionnaise est aujourd’hui largement dominée par le secteur des services, que ce soit en matière de création de richesse comme en matière d’emploi. Les services marchands constituent le premier secteur de l’île, hors services administrés, et représentent plus de 38% de la richesse. Ce secteur dynamique et en progression est à l’origine d’une création d’emploi sur deux sur ces dix dernières années. Il couvre des activités variées regroupant notamment les services à la personne et aux entreprises, les transports (aérien, routier, maritime), le tourisme ou encore l’économie numérique. Le secteur des services non marchands (la santé et l’éducation pour l’essentiel) représente en 2018  plus de 36% des emplois à La Réunion, un poids supérieur à la moyenne nationale. Le secteur du commerce représente 11,9% de la richesse créée, le BTP 5,5%, l’industrie 4,7%, l’énergie 1,8% et enfin l’agriculture et la pêche uniquement 1,4%. L’agriculture conserve un poids un important dans l’économie et les exportations (sucre, rhum) et représente avec les emplois directs, indirects et induits environ 13% des emplois du secteur privé. Il est également essentiel dans l’autosuffisance alimentaire de l’île. 

La Réunion compte plus de 55 981 entreprises en 2017, dont plus 55% dans les services marchands. Le commerce occupe la seconde place avec 22,8% du total. Ils représentent à eux seuls plus de 80% des créations d’entreprises et près de 40% des emplois. À La Réunion, la fonction publique (d’État, territoriale et hospitalière) emploie 85 200 personnes fin 2017, soit un tiers des emplois salariés de l’île. Le nombre d’emplois salariés sur l’île s’élève à 253 700 au quatrième trimestre (T4) 2018 selon les données provisoires de l’Insee, en baisse de 1,3 % par rapport au T4 2017 (+1,1 % l’année précédente). 9 emplois sur 10 à La Réunion sont aujourd’hui des emplois salariés à l’instar de la France métropolitaine. Bien que plus marginal, l’emploi non salarié reste dynamique.

En 2018 pour la troisième année consécutive, la population active baisse à La Réunion, notamment chez hommes ou il ne cesse de diminuer depuis 2014 (-4 points en 4 ans) et le « halo » du chômage augmente ainsi (+2 % de personnes qui souhaitent travailler mais n’effectuent pas de recherche active d’emploi). Le taux d’activité des Réunionnais est de 11 points inférieur à celui de la France.  Le taux d’emploi n’augmente pas cette année, et après trois années de baisse, le taux de chômage augmente en 2018 : il s’établit à 24 % en 2018 (au sens du BIT), soit 1 point de plus qu’en 2017 et 2 points de plus par rapport à 2016. La Réunion se classe ainsi derrière la Martinique, la Guadeloupe et la Guyanne en termes de chômage. Le « Halo » du chômage est une tendance majeure : 66 000 personnes y sont présentes : elles souhaitent travailler mais sont considérés comme inactive au seins du BIT ( pas de démarche, découragement). Le temps partiel à La Réunion en 2018 est supérieur à la métropole avec 23% des salariés contre 19% en métropole.

L’agriculture à La Réunion

canne à sucre économie reunion

La production agricole locale couvre plus de la moitié des besoins de l’île, c’est une excellence chose. En revanche, 2018 a été une des plus difficiles en 50 ans : fortes intempéries, mouvements sociaux… Les pertes sont estimées à 63 millions d’euros pour ce secteur, intégrant l’agro-alimentaire. La production agricole de La Réunion diminue de 4,6% en 2018, soit 417,4 millions d’euros.

Même si l’agriculture ne représente plus le premier poste de l’économie réunionnaise longtemps dominée par la filière Canne-Sucre, elle reste néanmoins une activité essentielle pour La Réunion, à fortiori si on y intègre les activités induites par ce secteur, et constitue une part essentielle des exportations, avec les sucres et les rhums. L’agriculture réunionnaise a aussi connu une forte mutation au niveau de ces filières de production et des exploitations agricoles qui se concentrent. Trois grandes filières de production agricole dominent le secteur : la canne à sucre (en chute de près de 16% en 2018, la campagne cannière fût en effet catastrophique ), les fruits et légumes, et les élevages. Même si elles sont plus marginales et pour certaines en difficultés, certaines productions traditionnelles d’excellence participent au rayonnement de l’île : vanille, café, plantes à parfum (géranium, vétiver…). 

Quelques chiffres sur l’agriculture à La Réunion :

• 7 600 exploitations agricoles
• 15 232 actifs permanents, dont 49% de chef d’exploitation en 2018
• 41 943 ha de superficie agricoles exploitée en 2017
• 417,4 millions d’euros de production agricole en 2018, dont 70% pour la filière végétale
• Canne à sucre :   1 421 000 t par an
• Fruits : 2 900 ha de surface cultivée, 1300 producteurs, 40 800 t par an dont 14 300 pour l’ananas.
• Légumes : 2 358 ha de surface cultivée, 2 700 producteurs, 54 500 t par an
• Vanille : 187 ha de surface de cultivée, 140 producteurs, 4 t par an
• Géranium : 150 ha de surface de cultivée, 170 t par an d’huile essentielle
• Vétyver : 7 ha de surface de cultivée, 5 producteurs, 15 kg par an d’huile essentielle
• Viticulture : 15 ha de surface cultivée, 14 producteurs, 40 000 bouteilles par an
• 140 producteurs de fleurs, 50 producteurs de plantes en pots, 30 pépiniéristes
• Café : 1,2 tonne de café en 2016

schéma-filiere-canne-bagasse-sucre-rhum-electriciteLa filière canne à sucre reste la clé de voute du tissu agricole réunionnais, elle représente 57% de la surface agricole utilisée (22 703 hectares en 2017) et compte environ 3000 exploitations. Avec 14 000 emplois directs et indirects, mais aussi 4500 emplois induits, soit environ 13% du secteur privé, la filière « canne » reste la principale source d’emplois de l’agriculture et un secteur économique important, notamment sur le plan des exportations (sucre, rhum). La filière s’appuie sur deux usines – Bois-Rouge, dans le Nord, et Le Gol, dans le Sud – qui ont une capacité respective de traitement d’environ un million de tonnes de cannes, un terminal sucrier pour l’exportation du sucre réunionnais vers le continent européen, ainsi que trois distilleries pour la fabrication de rhums. La valorisation énergétique du co-produit « bagasse » est également à prendre en compte, avec la production des deux centrales thermiques qui la consomment pendant la campagne sucrière, tant pour alimenter les usines en vapeur et électricité que pour participer à la couverture des besoins en électricité de l’île (environ 10%). Cette filière reste pour autant fragile face à la concurrence et fait donc l’objet d’un appui important des pouvoirs publics : le prix de la canne à sucre est administré, et à ce prix s’ajoutent une série de mesures d’aides directes et structurelles au soutien de la production, des exploitations et des producteurs.

En Savoir + : La filière Canne-Sucre à La Réunion

Les filières animales (bovins viande, bovins laitiers, porcine, avicole, cunicole, caprine, ovine et cervidés) ont connu un développement vigoureux au cours des vingt dernières années. Cette évolution a été programmée et organisée par la profession et les services de l’état dans le cadre du plan d’aménagement des hauts. Elles sont aujourd’hui bien structurées et bien organisées, mais aussi soutenues par les pouvoirs publics. 2018 annonce une situation contrastée en revanche pour ses filières. Si la consommation augmente (+2,8%) par rapport à 2017, cette bonne tendance ne se confirme pas pour toutes les filières : le porc par exemple diminue fortement de 6%. 

La filière fruits et légumes tient une place stratégique pour l’autosuffisance alimentaire de l’île, dont elle permet de couvrir environ 80% des besoins. Sa production est en constante augmentation en réponse au dynamisme du marché local, mais elle se différencie des filières canne à sucre et élevages par la faiblesse des soutiens publics, la quasi absence d’organisation professionnelle et le maintien d’une tradition de commercialisation informelle.

Une situation sociale qui reste « hors normes » 

Près d’un tiers des réunionnais est bénéficiaire d’une aide sociale, dont les plus répandues sont le RSA (socle, activité ou socle et activité), le revenu de solidarité (RSO), l’allocation spécifique de solidarité (ASS), l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou les allocations du minimum vieillesse (Aspa ou ASV). Un peu plus de 118 000 foyers et 280 000 personnes sont couvertes par le Revenu de Solidarité Active (RSA) sous ses différentes formes, soit un peu plus de 30% de la population, contre 8% au niveau national. Le retour à l’emploi des chômeurs reste difficile malgré l’amélioration du marché du travail et bon nombre d’entre eux ayant épuisé leurs droits à indemnisation se tournent vers le RSA pour subvenir à leurs besoins. Le taux de pauvreté est de 40% de la population contre 14 % en France, et le taux d’illettrisme de la population des 16-65 ans est de presque 23%, soit plus de 115 000 personnes, contre 7% en France métropolitaine.

Ces chiffres à eux seuls suffisent à matérialiser la précarité sociale qui subsiste à La Réunion, dont la première cause reste le chômage, et sa dépendance aux minima sociaux. Cette précarité touche les jeunes qui représentent une part importante de la population (43% ont moins de 20 ans) et dont la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté. Pout autant, moins de 2% des jeunes de moins de 21 ans bénéficie d’une action éducative ou d’un placement, ce qui confirme qu’il est difficile d’établir un lien systématique entre pauvreté et risque de mise en danger des enfants. Les personnes âgées sont aussi fortement touchés par la pauvreté, ils sont quatre fois plus qu’en France métropolitaine à vivre sous le seuil de pauvreté, mais aussi par une entrée plus précoce en dépendance.

Des défis à relever pour l’avenir

Les enjeux et défis à relever en matière de développement économique, d’emploi et d’action sociale sont donc nombreux à La Réunion pour faire face à la croissance de la population active, au chômage ou à l’importance du niveau de pauvreté, et ils d’autant plus difficiles à atteindre compte tenu des spécificités et des contraintes de ce petit territoire de l’océan Indien. La Réunion possède néanmoins de nombreux atouts pour continuer son développement économique, tout en préservant les exceptionnelles richesses dont elle dispose, à commencer par l’écotourisme ou le développement des énergies renouvelables, mais aussi le développement des transports alternatifs, l’économie numérique, la recherche ou l’innovation.

Pour aller plus loin :

Page mise à jour en octobre 2019.